Dans un geyser créatif pulsionnel et chamanique, Robert Delafosse creuse à l’arrache, inlassablement, la voie intemporelle des paysages. Peu ou pas de
détails, le combat est ailleurs, dans les immenses tensions telluriques qui
animent la nature, très loin des fragilités humaines. On ne voit que blocs peints à vif.
Le geste physique du peintre est présent, la matière peinte est présente, la
peinture tout entière est omniprésente.
C’est le feu des naissances premières, où l’air se brûle, où se corrode tout surface, où se purifient tous les signes. La peinture de Robert Delafosse, dur
explorateur du visible, est chaude, crue, solaire, éruptive, sensuelle, et cependant subtile et raffinée, comme retenue au bord de l’abîme…
La tension des couleurs, comme activées par le temps, est poussée à l’extrême, et chaque peinture est un choc, une secousse, une sauvagerie. Une fenêtre sur transfiguration. Une énergie colossale, comme une tempête arrêtée, saccage l’inertie du monde. Robert Delafosse ignore l’immobilité mortifère. Il invente à cru un prodigieux magma de peinture vivante. En constante gestation, en prodigieuse âpreté, sa nature est dominante et souveraine, et la tache indomptable, efficace et osée, accidente l’étendue.
Originelles, et libres de conscience, en denses coulées quasi charnelles, les
couleurs s’affrontent. Elles s’étreignent en un tout instable et chaotique, et
dans une mouvante érotique d’univers, l’espace tout entier respire…
Vierge de tout savoir et de toute culture, la nature est virginale, et sans cesse recréée du dedans. Une éclairante richesse, indéfinie, insondable, aux vifs éclats de soleil mental, porte cependant les signes vitaux de la brûlure
humaine. Robert Delafosse, peintre de la puissance et de la transparence,
exalte le tumulte sidérant de tous les fondamentaux.
La clarté règne, déchirée de lumière.
A découvrir tout l’été 2020
Prieuré de Viviers – Viviers sur Artaut (10)