Très ouverte et très francophile, en accueil privilégié, la belle galerie liégeoise de Christine Colon présente, en nécessaires conditions sécuritaires, les fines sculptures de Martin Hollebecq et les denses peintures de Catherine Seher, deux artistes qu’on a récemment appréciés chez Gilles Naudin (Galerie GNG), à Paris.
Martin Hollebecq répond par énigmes de pierre aux énigmes du monde. Il découvre dans la clarté des formes épurées incroyablement tendues, comme des talismans de pierre qu’il aurait désenfouis dans la grâce, et avec tact, des profondeurs.
Il introduit avec rigueur et pudeur ses lignes, ses torsions, ses stries et ses fentes. Fendu, l’univers se féminise, et s’approche. La tâche du sculpteur est de réduire la distance qui sépare des forces vives et brutales du grand englobant.
Ça et là, jetés chaotiquement et comme par hasard, et sans souci des surfaces, il y a des lignes, des torsions, des stries et des fentes qui s’abandonnent aux silences de l’étendue… Sculpture classieuse de haute maîtrise.
Envoûtée, la chromatique assourdie et intérieure de Catherine Seher, laisse intacte la puissance du geste qui pose à vif la matière peinte. L’énigme de l’existence aimante subtilement l’arrière-fond de ses peintures. En brise-apparence, l’artiste délivre le corps véritable du poids lourd des identités supposées, et réinvente la possibilité d’être et d’avoir un corps « d’une mystérieuse et sensuelle douceur. » (Pierre Souchaud).
En traces légères et allusives, ses couleurs fouillées et retenues envoûtent l’espace insondable, quand l’intériorité la plus secrète s’arrime aux chants du monde. Superbes dessins, aigus et fragiles.
Jusqu’au 22 novembre 2020
Galerie Christine Colon – Liège (Belgique)
