Quatrième exposition des grands dessins de Jérôme Zonder à la Galerie Nathalie Obadia, et la seconde à Bruxelles. Le titre ironique ne masque guère le fabuleux sens du tragique de ce créateur détonnant.
Il expose ici un ensemble de portraits, espaces de collision graphique où ses différents régimes d’écriture déploient un monde psychique en pleine transformation. Creusant à vif l’humour noir du titre, « Jusqu’ici tout va bien », le détournement cynique des sources d’inspiration procède du même choc des contrastes assumés. Une fois n’est pas coutume, aux confins des clichés du genre, l’univers de l’enfance y apparaît dans toute sa noirceur ambiguë.
L’altérité qui perfore le quotidien est le terrain de chasse de l’artiste. Cruelle et urbaine, sa rudesse est monumentale, scabreuse et infiniment savoureuse. Elle exorcise. Elle secoue. Elle délivre lentement, insidieusement, ses somptueuses incantations graphiques. Il n’y a pas d’issue de secours, Jérôme Zonder l’implacable a enlevé les fenêtres. Terrible et dévorant voyeur, il ne dit rien sur rien. Il écorche à vif son dessin, il l’exécute. Chaque œuvre passe au sombre déserté de la modernité égarée, au creux fatal d’œuvres broyées de vie… Son art est une métaphysique du désastre qui sauve l’humanité d’un possible désastre. Esthétique radicale, sublime d’énergie, emportée, tendre et cynique quand il convient, c’est-à-dire souvent.
Le magistral dessin de Jérôme Zonder figure dans d’importantes collections tant en France qu’à l’étranger, telles que l’Istanbul Modern Museum, le Musée d’Art et d’Histoire de Neuchâtel, le Musée des Abattoirs de Toulouse, le Musée de l’histoire de l’immigration à Paris, le Fonds Municipal d’Art Contemporain de Paris, le Conseil départemental de Seine Saint-Denis, les FRAC Auvergne et Picardie, la Fondation Emerige, la Collection Florence et Daniel Guerlain, et la formidable Collection d’Antoine de Galbert, qui l’a exposé en solo il y a peu.
Jusqu’au 23 octobre 2021
Jérôme Zonder – Jusqu’ici tout va bien
Galerie Nathalie Obadia – Bruxelles
En Une : Pierre François #32 – Crédit photo Jérôme Zonder
