Beau livre, très joliment illustré, qui plonge en profondeur dans la vie et dans l’œuvre de la célébrissime Georgia qui créait là où elle était, en plongée de regard, de son regard. C’est le point de vue d’Alicia Inez Guzman, auteure de l’ouvrage ( fort de 200 pages ! ), qui vit à Santa Fe. Superbe biographie, traduite par Julie Debiton, publiée initialement en 2017.
Prodigieuse décantation artistique. Chez l’artiste voyageuse, la nudité, partout projetée, s’empare des montagnes, des vallées et des fleurs, surtout des fleurs, qui surgissent frontalement, en gros plan. Elle les peint influencées par le gigantisme urbain environnant. Les paysages peints du Nouveau-Mexique exaltent l’Éros charnel des plis devenus osés de l’univers…
Georgia O’Keeffe peint tout, les verticales érectiles des buildings de Manhattan, les grands espaces de l’Ouest, les fleurs érotisées à cœur, le cosmos. Elle s’approche d’un dénuement proche de l’abstraction. Une simple porte devient tache de néant sur un mur évidé couleur de soleil fatigué.
Elle voyage, au Japon, en Italie, au Pérou. Elle peint depuis le ciel, et creuse l’abstraction la plus dépouillée. « Mon esprit crée des formes que je ne connais pas ».
A 60 ans, apogée de sa carrière, hommages, prix, honneurs, et rencontre de grands écrivains, dont le sulfureux D.H. Lawrence. Icône nationale, elle maîtrise enfin son destin. Rétrospective au MoMA, la première pour une femme. Le Whitney Museum, à 83 ans, lui consacre une autre rétrospective. Toujours créatrice et active, elle commence à perdre la vue. Elle meurt à Santa Fe, en 1986, à 98 ans. Ses cendres sont dispersées dans le paysage alentour.
Georgia O’Keeffe – L’espace pour la liberté
Auteur : Alicia Inez Guzman
Traduction : Julie Debiton
Editions Flammarion – 200 pages
25 €