Quand un jeune peintre, excellent, voit un maître en création, et ce, des années durant, cela donne un livre captivant, vivant, au gré d’un quotidien vécu. Vincent Bébert, né en 1980, rencontre Sam Szafran en 2013, et ne cesse de le rencontrer, chez lui ou au bistrot du coin, où le grand Sam, disparu le 14 septembre 2019, avait ses habitudes. L’architecture fantasmée des plantes, véritable jungle organique, et les trames du destin transposées en abîmes d’escaliers, voire en animaux fabuleux sont les structures à vertiges de la prodigieuse création de Sam Szafran.
Alexandre Hollan a d’abord marqué le jeune Vincent, puis ce fut Sam, lequel ne donnait pas facilement sa confiance. Leurs ateliers sont proches et les deux artistes se voient souvent. Ils échangent quasiment sur tout. Le livre passionne, tant le respect mutuel, la sincérité et la qualité des échanges, centrés sur la peinture, les gens de culture et l’humanité, fourmillent de vérités partielles, d’anecdotes parfois drolatiques et de références constantes à ce qui touche à la création. Il est question ici de Gurdjieff, de Lanskoy, de Giacometti (Alberto, ou bien Diego), de Moustaki ou de Goetz, et de bien d’autres, avec un naturel confondant. Dans plus de 250 pages sans effet ni fioriture, on nage dans les vérités existentielles partagées et discutées – parfois âprement – de deux artistes de générations différentes.
Le livre se termine sur un court entretien avec Lilette Szafran, intime, juste et sensible. Les Éditions El Viso, créées en 1981, sont essentiellement centrées sur les livres d’art.
Conversation avec Sam Szafran
Auteur Vincent Bébert
Préface Arno Bertina et Agnès Callu
272 pages – Éditions El Viso – 18 €