Sur les rives de la Moselle, à Épinal, le Musée de l’Image, inauguré en 2003, abrite l’imposante collection d’images populaires imprimées qui ont fait la renommée de la ville. Le bâtiment moderne en verre a été construit en regard des ateliers historiques Pinot et Pellerin, où furent gravées les premières images en série. Dès le XVIIème siècle « cartiers et dominotiers » ont imposé leur art en fabriquant de superbes cartes à jouer, et toute sorte de papiers de décoration, images saintes, livres de colportage, et même papiers peints… Plus tard, le culte de l’Empereur et les planches napoléoniennes ont enclenché le développement quasi-industriel de « l’Image d’Épinal ».
Outre une riche et didactique exposition permanente, le Musée organise des expositions temporaires inventives et insolites. Récemment la figure de l’irrévérencieux Polichinelle. Et actuellement l’artiste mexicain Posada, connu surtout pour les « calaveras« , figures carnavalesques de squelettes dansant et riant qui, à l’instar des Vanités, dédramatisent le Jour des Morts au Mexique. Esthétique de jovialité sinistre aux visées satiriques. Vision cependant réductrice d’une œuvre qui englobe plus de 15 000 gravures.
Le graveur José Guadalupe Posada, 1852-1913, a travaillé de longues années « à la commande » pour l’éditeur Antonio Vanegas Arroyo. En toute complicité, les deux amis ont produit des images publicitaires à la typographie riche de fioritures inventives, des dessins de presse, des livres racontant l’histoire fantasmée du Mexique, des contes pour enfants, des petits ouvrages populaires, ou encore les « cuadernillos« , livrets spécifiques de cuisine ou de couture, et encore des lettres d’amour, des devinettes, des tours de magie, et même de l’astrologie… Étonnante ouverture créatrice qui fut appréciée par Frida Kahlo et Diego Rivera.
La peur engendrée par le passage de la comète de Halley apparaît traitée en moustique géant venu du Texas. Les images colorées des saints voisinent avec les diables, mêlant ferveur religieuse et liberté de ton. Les pages vendues à la pièce relatent faits divers et crimes. Les nouvelles du jour circulent, criées ou chantées, séduisant un public parfois illettré. Pas de grande prise de position politique, mais une réelle circulation d’informations et d’opinions.
La haute société dédaignait Posada. La reconnaissance tardive arriva enfin par le biais de l’avant-garde intellectuelle au moment de la Révolution mexicaine. Les grands caricaturistes français du « Charivari » soulignaient la proximité avec leurs propres publications.
Cette première rétrospective en France de l’œuvre plurielle de Posada est le prélude d’une belle saison culturelle, dont un spectacle inspiré par les « Calaveras » lors des Fêtes des Images. Beau catalogue par Laetitia Bianchi, commissaire d’exposition.
Jusqu‘au 18 septembre 2022 Musée de l’Image – Epinal (88)
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