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On en parle

La vie d’Anna Stein par elle-même

Christian Noorbergen, le 3 avril 2022

Puissante, âpre, archaïque et contemporaine, la sculpture d’Anna Stein accompagne les forces lourdes de la vie. Tous les possibles du corporel humain, poignants, décisifs et vitaux, sont présents. Tendresse et blessure illuminent sans fin ses sculptures d’extrême densité. Elle peint, s’attaquant à vif aux racines de tous les corps… Formidable terrienne, elle impose une peinture de vive santé exultée, à l’immense poids de terre ancienne et de chaos arrêté… 

Elle écrit aussi. Un livre vient de paraître sur sa propre vie. Née en Hongrie en 1936, elle a connu, enfant, la Guerre Mondiale, puis étudiante, la Révolution de 1956, à 20 ans. Elle quitte son pays pour Paris, et sa trajectoire artistique prend corps. Premières rencontres essentielles, de Victor Brauner à Etienne Hajdu.
Le livre creuse intimement 8 décennies, et montre comment, malgré trop de difficultés variées, sociales, familiales, culturelles, la création finit par s’imposer. Le ton est vif, tonique, enlevé. La saveur vraie d’une vie, au ras du quotidien, montre l’abîme qui sépare le dehors de la création, et les inévitables « durs pépins de la réalité ». « Je suis le résultat des ruptures sur le plan culturel, religieux, social (…), je suis un escargot sans coquille« .
Passionnante aventure à deux voies, sinon à deux vitesses d’existence. Formidable leçon de ténacité, au milieu d’innombrables voyages dans le monde entier, et autant d’intimes et très dures vicissitudes.
« Et surtout, reprendre le travail de la création », écrit-elle, à la toute fin de ce beau livre.

La vie d’Anna Stein ou comment devenir un ancêtre
Éditions Le Lys Bleu
24 €