Le Château de Chamarande, ses dépendances et son immense parc, constituent dès le XVIIIème siècle un des plus vastes domaines de la région Ile-de-France. Aujourd’hui propriété du Conseil départemental de l’Essonne, il est devenu un remarquable centre d’art, avec des expositions d’envergure. On y a vu Quentin Garel, Ma Desheng et plus récemment Michel Nedjar. L’année 2022 est consacrée à l’animal, ou plutôt à l’animalité métamorphique, en abordant ce qui réunit l’homme et l’animal plus que ce qui les différencie.
Art des racines de l’humaine animalité… Gilles Rion, responsable des expositions et très investi maître des lieux, parle d’un “chassé-croisé entre l’animalité de l’homme et l’humanité de l’animal“, et s’appuie sur des réflexions nées des domaines de l’anthropologie, de l’éthologie ou de la philosophie.
Huit artistes de différentes cultures et un collectif belge occupent chacun un espace dédié dans le château, lié à l’esprit de l’artiste exposant. Neuf mondes où les rôles et les identités traditionnelles sont bouleversés. Pluralité complexe des liens entre l’homme et l’animal.
L’exposition s’ouvre avec une œuvre de Katia Bourdarel, empruntée à la Fondation Datris. “Je suis une louve” se compose de cinq sculptures figurant une meute de louves, chaque animal affublé d’un masque brodé, un loup, et d’une peau de mouton. Symbolique inquiétante de cet animal, féminité agressive et protectrice à travers le choix du titre au féminin.
Edi Dubien a installé des centaines de dessins, tout un monde pluriel, articulé autour d’une inquiétante chrysalide à visage humain, suspendue entre des branches d’arbres. Benoît Huot présente des animaux taxidermés, couverts avec une exotique exubérance de tissus chamarrés et de breloques, dépouilles ainsi sacralisées.
Julien Salaud, dans la “salle à manger des chasses”, au riche décor boisé, a installé son “Cerfaure“, cervidé monumental à buste humain, mi-proie, mi-prédateur. A noter que le buste a été moulé sur le corps même de l’artiste, forme d’empathie pour les autres formes trop menacées du vivant.
Magnifiques photographies, autour de la figure du “Wilder Mann” de Charles Fréger qui parcourt le continent européen à la recherche des différentes occurrences de ce personnage archaïque où fusionnent l’humain, l’animal, le végétal au cours de fêtes carnavalesques qui renvoient à de très anciens rituels.
La “S” Grand Atelier situé en Ardenne belge propose une présence animale chargée de textiles. Le collectif a d’ailleurs présenté récemment au MIAM de Sète des travaux à quatre mains d’artistes handicapés et valides, mêlant art Brut et art contemporain.
L’exposition commencée par la figure de la louve se termine par l’installation de Nicolas Tubéry “Deman la Tonda“, évocation du monde agricole et paysan à travers l’image de son père berger. Pas de démarche documentaire, mais une tragique mise en images sonorisée du flux homme-animal-machine, dure et implacable.
L’artiste Odonchimeg Davaadorj, d’origine mongole, est présente dans l’exposition avec des créatures hybrides, à l’inspiration puisée dans sa double culture. Elle sera présente dès début juin dans l’Orangerie pour une exposition personnelle, avec dessins, peintures, vidéo, couture, broderie et poésie.
“Devenir (un autre) animal” ou tout simplement désirer devenir autre, ou plus humain ?
Jusqu’au 18 septembre 2022 Domaine départemental de Chamarande
En Une : Odonchimeg Davaadorg – Bardo – 2021
Résumé de la politique de confidentialité
Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.
Cookies strictement nécessaires
Cette option doit être activée à tout moment afin que nous puissions enregistrer vos préférences pour les réglages de cookie.
Si vous désactivez ce cookie, nous ne pourrons pas enregistrer vos préférences. Cela signifie que chaque fois que vous visitez ce site, vous devrez activer ou désactiver à nouveau les cookies.