« La Fileuse » de Loos abrite en ses murs rénovés un centre culturel dynamique et pluridisciplinaire, accueillant notamment en ce moment une exposition des œuvres du FRAC Grand Large de Dunkerque intitulée « En haut de l’affiche », mêlant le monde du spectacle vivant, les arts graphiques et plastiques, cohabitant souvent mais se rencontrant plus rarement.
Affichistes assumés témoins d’une société en pleine mutation dans une France d’après-guerre, Jacques Villéglé et Raymond Hains sont une belle entrée en matière avec leurs œuvres aussi bien politiques que sociales. Issus du mouvement ready-made, tous deux ont travaillé, parfois ensemble, avec la volonté de pérenniser des objets tout en les transformant en œuvre d’art. Collage, assemblage, composition sont les arcanes de leur travail en des temps aujourd’hui révolus puisque le support papier tend malheureusement à s’amenuiser, raison pour laquelle Villéglé cessa de produire voilà presque une vingtaine d’années, en 2005.
Autre Hermès du Dieu des Arts, le provocateur Ben bouscule les idées et courants de pensée avec une œuvre de 1974 au message humoristique et interrogateur sur l’appréhension et la réception d’une œuvre artistique tant par le public que la critique d’art : « De cette toile on aurait dit… en 1962 : ce n’est pas de l’art, en 1970 : j’ai déjà vu cela, en 1980 : c’est trop classique » !
De nouveaux supports, tel le bois pour Mathis Collins, qui puise son inspiration dans l’univers du théâtre de marionnettes et de la Comédia Del Arte en créant ses « Polichinelles », des matériaux empruntés au maquillage pour Jean-Luc Verna, crayons Khöl et fards à paupières, donnent naissance à des œuvres contemporaines où l’affiche se joue avec humour dans des messages à tiroirs. Meredyth Sparks, quant à elle, détourne une affiche de concert du groupe New Order qu’elle affuble de bandes d’aluminium et paillettes, créant une dynamique sur une photographie par définition « figée ».
L’exposition se clôture avec la vidéo de Clément Cogitore (FRAC Auvergne), « Les Indes galantes », qui présentait en 2019 un duel de jeunes danseurs de Krump sur fond de musique baroque, superbe morceau éponyme de Jean-Philippe Rameau. Ce mouvement issu des faubourgs de Los Angeles visait à apaiser les tensions entre gangs de banlieues dans des affrontements artistiques, des bandes cagoulées exultant dans une énergie voire une violence chorégraphiée leur rage et leurs frustrations. Un des genres du Hip Hop à qui l’Opéra Bastille offrit sa scène et par là-même ses lettres de noblesse.
Cette exposition présente peu d’œuvres mais porte des messages forts et surtout permet au FRAC Grand Large de prolonger son évènement anniversaire hors-les-murs dans un lieu fraîchement rénové au décor des Fifties, coloré et très accueillant. Une belle dynamique pour une ville aux portes de Lille au passé textile riche, dont l’usine DMC reste l’emblème.
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