Isabelle VIALLE
Bio
Après les séries des “ Contes “, peuplés d’humains et de mes fantômes, celle des “ Vanités “ puis celle de la “ Douve “ d’Yves Bonnefoy qui se rapprochait déjà intimement du végétal, c’est naturellement et à la suite de cette dernière série et des années passées en Grèce que s’est faite la confrontation au paysage, valeur refuge et essentielle particulièrement en ce moment. Cette série faite de mangroves, de bois insondables, d’oliviers ou de laminaires, me permet d’emmener ma peinture vers un jeu subjectif entre abstraction et figuration, en recherchant toujours un espace de métaphore anatomique.
Pour ces racines, paysages et autres fragments je me suis inspirée de l’énergie tellurique et vivante d’un morceau d’écorce, d’une racine, une souche, un tronc aride, ces choses belles et étranges, à la fois banales et rares, apparemment inertes, en décomposition organique ou presque fossilisées comme de précieuses vanités, et pourtant étrangement toujours en mouvement, en devenir de ramification ou en gestation, évoquant les prémices des possibles. Ce qui me fascine avec la racine tout comme avec les fragments de paysages c’est que l’interprétation est ouverte puisque tout est en supposition, en projection, une capacité d’évocation qui va parfois vers le presque non identifiable.
De longues immersions quotidiennes dans la nature, d’observations, puis de photos en croquis réalisés sur le motif ou de mémoire, de peintures esquissées en toiles couvertes de pigments, ces paysages-corps ont pris une importance de plus en plus grande depuis quelques années pour devenir l’unique sujet d’exploration de mon travail. Il s’agit aussi tout simplement de mon rapport au monde et d’incruster sur la surface de la toile ou du papier ces reliques végétales témoins de mes évasions.
