L’insolite et en apparence possiblement macabre exposition présentée au Suquet des Artistes dans la belle ville de Cannes entraîne le visiteur dans un véritable voyage initiatique. Les murs blanchis, aseptisés, de l’historique morgue de l’hôpital, réhabilitée en résidence de création, le long couloir menant à l’ancienne salle des frigos à la voûte ténébreuse accueillent l’œuvre “A l’ombre de la lumière” de Jean-Philippe Roubaud. Sixième “Didascalie”, sixième projet d’un artiste pétri de savantes références artistiques, de Bellotto à Van Eyck, sans pour autant renier une culture populaire.
Jean-Philippe Roubaud, natif de la région, vit et travaille à Cannes. Son travail de dessinateur, tout en noir et blanc, au crayon, à la poudre de graphite en lavis, et son œuvre sur papier utilisé à plat et en volume, interfèrent avec d’autres disciplines, telles l’installation et la céramique. “Que laisse-t-on au futur, que garde-t-on du passé ?“. Le passage du temps, le côté éphémère de la vie hantent sa réflexion.
D’entrée, une installation sur des plaques de céramique quadrillées et posées au sol, comme en attente d’un relevé scientifique lors de fouilles archéologiques, suggère ce qui reste après notre temps. Sur des vases canopes en céramique, matériau moins fragile que le papier et plus durable, l’artiste a dessiné des Vanités. Au mur, un grand tableau inspiré de la peinture de Hans Baldung, dit Grien, reprend le thème des trois âges de la vie. Ici, Jean-Philippe Roubaud se met en scène avec un réalisme certain (ses tatouages !), tout en utilisant la symbolique de la Renaissance.
Plus loin un Retable contemporain “The Drawer” met en scène ses thèmes récurrents, la nature morte, le crâne, le trompe-l’œil. Les panneaux latéraux peuvent être laissés ouverts ou fermés, selon la tradition des églises chrétiennes. Les tiroirs, clin d’œil personnel, recèlent des trésors secrets, pas forcément accessibles au visiteur. Une intéressante série, “Bild-Bau”, reprend les peintures des Primitifs flamands et de la Renaissance italienne.
Puis on découvre de grands dessins dans les mystérieuses salles du fond aux murs et voûtes entièrement noircies au graphite : les “Grotesques”, qui rappellent les fresques de Pompéi, le “mythe de Dibutade”, qui trace l’ombre de son amant pour en conserver l’image, “l’Argent des sélénites”, immense cartographie éphémère des constellations.
Hanna Baudet, commissaire de l’exposition, en référence à Marguerite Yourcenar, parle d’Œuvre au Noir, tout en insistant sur l’humour et l’impertinence de l’artiste, qui marie avec talent tous les niveaux de culture, jusqu’à la science-fiction. Il brise les assiettes sur lesquelles il a dessiné, tout comme il casse les codes à l’envi. Il ne sait pas où mène le chemin qu’indique le squelette, mais laisse quelques réponses énigmatiques, mystère et création mêlés…
Jusqu’au 21 janvier 2024 – Le Suquet des Artistes – Cannes (06)
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