Désir de poursuivre avec honneur l’histoire de l’art, incapacité à s’émanciper, besoin de tuer le père, détournement créateur, ironie transgressive ? La relation complexe des contemporains à l’égard des chefs-d’œuvre du passé est un enjeu majeur de notre temps. Réalisé d’après la série d’Arte, le livre Artjacking réunit nombre de pièces essentielles de la culture artistique mondiale. Sous la houlette de Maureen Marozeau, et donc remarquablement documenté, cet ouvrage insolite ose un autre regard sur la création actuelle. Mutation des personnages, hybridation audacieuse, modification des procédés artistiques, chaque artjacking cristallise une cause, une évolution, voire une révolution.
Ce livre illustre “avec force détails la créativité sans limites d’artistes de toutes les générations qui se servent du passé pour parler du présent”, écrit Laurent Le Bon, président du Centre Pompidou, dans sa préface. Plus que nombreux, de Bacon ( cf Velasquez ) à Twombly, ou de Clarisse Griffon du Bellay ( cf Géricault ) à Lionel Sabatté ( cf Lascaux ), les artistes regardent et transforment leurs propres sources artistiques.
L’art fait vibrer la condition humaine à chaque fois que quelque chose s’éteint. Il enfante des couleurs, des formes, des matières, des rythmes qui bousculent l’inertie du déjà-vu. Et le regard voit à travers ses propres miroirs. Sinon l’art ne fait que parcourir ce qu’il sait déjà, et qui achève de mourir dans la seule transmission des savoirs.
Maureen Marozeau “Artjacking“
Éditions de La Martinière – 32 €