À l’occasion de la 10ème édition du MIFAC, à Angoulème, le superbe festival du film d’art a organisé une rétrospective très réussie, au cœur de la ville, en l’honneur de Jörg Hermle, l’un des derniers néo-expressionnistes, et, sur place, au sein même des activités du festival, une très sensible, très courte et très belle exposition de Michel Madore.
Peu de couleurs, et peu de figures suffisent à Jörg Hermle, le grand sarcastique, pour prendre l’étendue à la gorge. On dirait qu’il s’est emparé d’une tranche d’univers, quasi monochrome, pour installer une implacable tranche de vie. Pas de recul possible. Chez lui la distance de sécurité n’existe pas, et le spectateur n’a d’autre choix que la fuite, ou la plongée au sein d’une intimité sauvage, envoûtée, grotesque et sorcellatoire. La puissance très incarnée du féminin s’en donne à corps joyeux. Chez lui, la peinture est nue, et la chair vive est vêtue d’espace peint. Le dedans et le dehors, peints dans le même mouvement, disent le sublime et le fatal du corps uni et séparé, mortel et immortel.
Plus que tout autre, et par de purs moyens de peinture, Jörg Hermle ordonne le regard par une formidable proximité imposée. L’unique couleur de base crée une noyade mentale qui laisse libre cours aux sulfureux pantins du quotidien qui s’agitent au profond de l’arrière-monde enchanté de Jörg Hermle.
Peintre et écrivain, présent également au MIFAC comme auteur, Michel Madore analyse superbement ses créations : “Dans mon travail, on peut voir ce qui relève de la peinture et ce qui relève du dessin. Dessin sans retour : papier, encre, geste pur sans repentir, au plus près de ce que font les peintres chinois dans leur travail de “peinture” à l’encre. Pour faire ce que je nomme peinture, j’utilise les moyens dédiés au dessin : papier et fusain. Une construction s’opère, puisque le papier est déchiré et marouflé sur une toile, afin qu’ensuite le fusain trouve son chemin dans les méandres du papier. Ce qui se donne à voir porte donc les caractéristiques du dessin : papier, trait, ligne. Mais il y a ambiguïté, car le résultat est l’aboutissement d’un processus qui va de repentirs en effacements. Ce qui a l’aspect d’un dessin est en fait un tableau construit dans le temps, maître mot qui distingue pour moi le dessin de la peinture. Au premier, la fulgurance et l’instinct, au second, la recherche qui suit les lignes du papier, et revient sur soi avant de se poser comme peinture. Ma peinture-dessin semble être dans l’inachevé, et mon pur dessin dans l’achèvement dès qu’il paraît au regard.“
En Une : Exposition Jorg Hermle – MIFAC 2024 – Pavillon d’Angoulême – Angoulême (16)
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