Le Palais des Beaux-Arts de Lille souffle à l’instar de cinq autres musées de la Région Hauts-de-France les 150 bougies-anniversaire de l’impressionnisme. Sise dans les méandres des boucles de la Seine, Vétheuil vit séjourner tour à tour Claude Monet en deux épisodes distincts de son existence, puis une Joan Mitchell assoiffée de repos et de sérénité.
On nous assène que l’heure est au dérèglement climatique, l’avènement du siècle dernier ne faisait point exception ! Un hiver hors du commun enjambe le passage de 1879 à 1880 figeant de glace une Seine paralysée par 25 degrés au-dessous de zéro. La débâcle est rude à la fonte des neiges, la montée des eaux emporte tout sur son passage en quelques heures. Monet séjourne alors à Vétheuil. Bouleversé par le “paysage navrant” de ce désordre météorologique, il peint de touches impressionnistes naissantes une glace parée de nuances bleutées et rosées. Le peintre est en pleine débâcle lui aussi, affective avec la perte de son épouse mais aussi financière. La poétique désolation des lieux lui inspire entre autres “Les glaçons” qu’un certain Proust peindra en mots “tous ces morceaux de glace brisent et charrient les reflets du ciel”. Celui qui sa vie durant veut “représenter ce qui vit entre l’objet et [lui]” revient une vingtaine d’années plus tard, apaisé et argenté. Il joue alors la gamme des variations lumineuses et heureuses d’un “Vétheuil le matin” puis “(…) le soir”, clamant qu’un paysage vit “par l’air et par la lumière qui varient continuellement”.
Si Joan Mitchell s’est longtemps défendue d’être rapprochée de Monet, prétendant même ne pas l’apprécier, elle ne peut réprouver certains points communs. Les aléas et souffrances infligés par la vie la conduisent elle aussi à Vétheuil presqu’un siècle plus tard. Réinterprétant avec modernité et abstraction les paysages communément admirés, elle n’essaie pas de “refléter la nature (…) mais de peindre ce qu’elle [lui] laisse”. Dans ses toiles, elle synthétise souvenirs, paysages et influences artistiques de toute une vie. Cathartique, sa peinture expurge aussi la douleur d’opérations répétées et la maladie qui s’acharne. Vibrante et vivante, elle explose de couleurs et les formats sont aussi vastes que la volonté de l’artiste de peindre
Le Palais des Beaux-Arts de Lille scande cette exposition “Les saisons d’une vie” au rythme d’une valse à trois temps. Imprégné des œuvres des deux protagonistes dialoguant par-delà les siècles et les différences, la visite se poursuit dans l’atrium où le musée invite à “ralentir, contempler, méditer”. La rotonde propose une immersion face à une œuvre qu’accompagnent une méditation guidée et un paysage sonore. Car l’Art fait du bien et se glisse partout, y compris lors d’une séance de sophrologie à savourer dans l’obscurité et le moelleux des coussins.
Jusqu’au 23 septembre 2024 Palais des Beaux-Arts – Lille (59)
En Une : Monet – La débâcle – 1880 – Huile sur toile – Don Denise Masson, 1976 – Inv. P 1891 – Palais des Beaux-Arts de Lille
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