< retour aux Articles
On en parle

Témoins d’humanité

Aralya, le 5 août 2024

Le centre d’art de l’abbaye d’Auberive, avec l’aimable concours de leur galerie commune, Lelong & Co, est heureuse de réunir Ernest Pignon-Ernest et Barthélémy Toguo, en l’exposition Témoins d’Humanité. Ces deux artistes n’appartiennent ni à la même génération, ni à la même culture, ils n’ont apparemment en commun que la photographie qu’ils utilisent fréquemment.

Ernest Pignon-Ernest – Si je reviens V

Ernest Pignon-Ernest travaille le dessin au fusain ou à l’encre, plutôt classique dans son rendu bien qu’il soit un pur autodidacte. Il brosse le portrait d’hommes et de femmes, souvent poètes, aux trajectoires de vie engagées, quelquefois tragiques. Il peut les associer à des images picturales de la culture judéo-chrétienne comme le corps suspendu d’une Descente de croix, ou la vierge éplorée d’une Pietà. Le personnage contemporain devient alors porteur d’humanité ou de déshumanité, à la croisée de situations dramatiques. Il peut également s’agir d’inconnus, anonymes, auxquels les attributs donnent sens, tel un matelas roulé dans la série Les expulsés.

Si la forme classique porte le message, c’est la stratégie “d’accrochage” qui surprend. Car le temps deux dans l’art d’Ernest Pignon-Ernest a pour médium la photographie. L’artiste multiplie son dessin par la sérigraphie en le mettant en situation sur les murs de l’espace urbain, et il en prend le cliché. À ses yeux, le dessin en soi n’a d’intérêt que par sa mise en situation et par la photographie qui en garde la mémoire et donne à son travail sa pleine signification.

Barthélémy Toguo – The Generous Man on His Farm II

Barthélémy Toguo est un artiste multidisciplinaire, peintre, sculpteur, photographe, voyageur impénitent et parfois objet même de son œuvre dans ses performances filmées ou photographiées. Dans son travail, la couleur est omniprésente, travaillée comme une aquarelle, très diluée, ce qui lui donne, malgré un choix chromatique proche des couleurs primaires, une grande douceur. Apparente douceur, qui comme chez Dado capte notre désir esthétique pour nous plonger dans des thèmes difficiles : l’exil, le deuil, la répression, l’intolérance, le racisme, la monstruosité.

Roger-Edgar Gillet – Une soirée chez Pollak – 1968 – Huile sur toile – 130×160 cm – Collection Volot, photo Atelier Démoulin

Une sélection d’œuvres de la Collection Volot est présentée au 1er étage du Centre d’art.

Jusqu’au 29 septembre 2024
Abbaye d’Auberive (52)

En Une : Ernest Pignon-Ernest – Si je reviens – Napoli Scampia 2