Jean Clair voyait dans le corps la grande donnée artistique du vingtième siècle, quand même l’abstraction semblait dominer le monde de la création. Aujourd’hui, peu nombreux en France sont les artistes qui donnent encore à l’abstraction ses grandes lettres de noblesse. Quelques grands musées, quelques fondations, et quelques galeries audacieuses, jouent cependant le grand jeu de la disparition de la figure et de l’objet, au bénéfice de la plus haute abstraction picturale, et de la presque pure peinture. Les prises de risques sont plus rares. Et pourtant, infinis sont les passages en pays d’abstraction… Merci à la galerie Faidherbe, dirigée par Pierre Darras, de jouer le jeu ! Admirablement !
Une grande partie des “produits” consacrés qu’affectionne la modernité se définit par le rôle dominant de l’intellect, confort assuré, phénomènes de surface garantis, jeux d’enfants émerveillés, pour un temps, par les outils de l’époque…
Au début du siècle dernier, la mort des images est achevée, au moins pour les artistes en quête d’oxygène mental. L’art abstrait ouvre ses voies avec Kupka, Malevitch et Kandinsky. Mais l’abstraction de ces grands plasticiens marqués d’intellect, ne sera pas la seule voie de l’abstraction. L’abstraction expressionniste des grands Américains d’avant-guerre, puis l’abstraction lyrique et les abstraits contemporains gardent contact avec les profondeurs charnelles, comme la tache aveugle qui ferait vivre la vision.
Sur les paysages du dehors se projettent les affres et les mystères du dedans, et le corps intime, implosé et virtuel, secret et inconnu, est l’arrière-monde sur lequel se déploient les mondes visibles. L’abstraction dit la salutaire prise de distance avec le monde saturé des fragiles images. Elle restaure le vif de la création libre.
Dans une petite et très grande exposition, la galerie Faidherbe, à Paris, montre quelques pièces majeures des grands manitous de l’abstraction, d’Alechinsky à Gérard Schneider, d’Olivier Debré à Charchoune ou d’Eugène Leroy à Hans Hartung. Dans un espace d’art qui n’est pas immense, difficile d’imaginer une telle concentration d’œuvres majeures de la plus haute abstraction.
Prodigieux ensemble d’une quinzaine d’œuvres très qualitatives, un évènement incontournable pour les amateurs de peinture abstraite. Dont une découverte somptueuse, un chef-d’œuvre de l’Espagnol Ràfols-Casamada (1923-2009)
En Une : Serge Charchoune – Composition – 1945 – Huile sur toile Signée et datée en bas à droite – 17,5×21 cm
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