Artiste aux talents multiples, Fabienne Verdier dévoile à la Galerie Lelong, avenue Matignon, un impressionnant ensemble de “retables”. Les toiles, la plupart de grand format, explorent le thème vital et privilégié de l’artiste, les liens entre l’Homme et les énergies qui animent le monde. L’œil voyage des “vortex” du musée Camille Claudel aux peintures des “Rainbows” inspirées par le halo lumineux qui nimbe le corps du Christ sur un volet du retable d’Issenheim, le chef-d’œuvre du musée Unterlinden de Colmar.
Chaque œuvre porte en elle des passerelles mentales avec la science, la littérature, la philosophie taoïste, la musique, l’histoire de l’art. Tout ce qui irrigue la pensée et l’acte créatif d’une artiste érudite, à la saisissante personnalité. Tout l’intrigue, les tourbillons à la surface de l’eau du ruisseau, les nuages poussés par le vent, les arborescences, la carapace irisée du scarabée, l’aile fragile du papillon. Le constat de la dégradation visible de la nature l’inquiète. Le geste pictural ne traduit pas le réel, il fusionne l’image et le sens, comme dans la calligraphie que Fabienne Verdier a étudiée en Chine. L’impact est percutant, le message sensible, porté et parfois alarmant.
Le retable est né au IXème siècle. Placé en arrière de l’autel d’une église ou d’une chapelle, bien visible au cœur de l’abside, le polyptyque concentre l’attention et devient le point de convergence de tous les regards. Fabienne Verdier a beaucoup regardé les retables flamands, allemands et italiens. Les structures essentielles (panneau central flanqué de deux volets mobiles) ont marqué son approche de la peinture et l’ont incitée à quitter la surface plane et les deux dimensions, avec l’idée d’engager une autre perception et une lecture-découverte du tableau.
Fabienne Verdier invente un retable intemporel. Il ne prête pas à une énième narration de la vie du Christ, mais le motif, une puissante spirale en torsion, évoque les forces contradictoires entre stabilisation et transformation, entre création et destruction. Le retable fermé, une partie du panneau central reste visible, tandis que le châssis des deux ailes mobiles apparaît tel quel, le bois non peint, quasi vivant et respecté. Cette présentation minimaliste, en apparence non finie, suggère le mystère et incite à la plus saine curiosité, renforçant le pouvoir de l’image et son interprétation plurielle.
Les couleurs sont somptueuses, du jaune profond au bleu mêlé d’argent et du rouge sang.
Un beau catalogue relié (236 pages) avec texte de Stéphane Lambert, commissaire de l’exposition, est disponible.
Jusqu’au 31 octobre 2024 Galerie Lelong – Paris 8ème
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