“Cortège“
“Des êtres humains avancent, plus ou moins distants, plus ou moins nombreux, plus ou moins épars, plus ou moins pressés, plus ou moins chargés, plus ou moins éclairés, plus ou moins démunis, mais toujours habités par la nécessité d’aller plus loin.” Ainsi parle Christophe Abadie de ses émouvants personnages. Ses surgissantes créatures disent l’éternelle fragile humanité, et l’intemporelle errance créatrice de la peinture. Ses êtres peints, vêtus d’espace et de pure peinture, apparaissent et disparaissent sur fond envoûté d’abîme et de chaos. Ses êtres d’infini mouvement mettent l’immobilité en déroute…
“Ils passent, et nous ne savons rien d’eux…” Ces pénitents d’outre-monde traversent l’abîme en denses traces humaines qui tressaillent dans la nuit.
Ces migrants de tout temps et surtout de notre dur présent sont les témoins de hasard de nos vies passantes et de l’éphémère condition humaine. Ces irradiantes pulsions de vie, infimes geysers de signes graphiques et chromatiques se confondent et s’étreignent au hasard d’un temps arrêté d’instants privilégiés. Irradiantes présences charnelles. On voit passer le cortège des anonymes qui n’en finissent pas d’aller plus loin que leur vie, nos doubles incertains et meurtris. Primitifs et contemporains, ils sont d’outre-mémoire, loin du temps fabriqué des surfaces. Parfois, comme prêtes à subir l’engloutissement, leurs ombres se détachent comme des cibles sur l’immensité de l’étendue. Subtils corps-paysages toujours surprenants d’impact, entre mélancolie et pureté, brûlure et précarité.
La peinture de Christophe Abadie est souple, respirante, mouvante, complexe et lumineuse. Jamais il n’éteint l’énergie incandescente de ses couleurs habitées. Haute peinture de haute densité, chargée d’élan et de pudeur, de boue ancienne et de flamboyant ciel charnel.
Jusqu’au 23 novembre 2024
Galerie Cyril Guernieri – Paris 6ème
En Une : Cortège 16 – 2023 – Huile sur toile – 50×40 cm
