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On en parle

Autour du Surréalisme

Chantal Vérin, le 6 décembre 2024

Le Musée de l’Hospice Saint-Roch d’Issoudun propose, en cette riche année de célébration du centenaire du Surréalisme, son propre regard, « Autour du Surréalisme ». Très forte exposition par son ampleur et le nombre de pièces rares exposées ! Elle est aussi d’une grande originalité du fait de sa porte d’entrée littéraire, en l’occurrence les Chants de Maldoror du comte de Lautréamont.

H.Bellmer (1902-1975) – Gravé par Cécile REIMS (1927-2020) – Les Chants de Maldoror – 1971 – Burin et pointe sèche – Éditions Grafik Europa Anstalt – Genève ©ADAGP, Paris 2024 – ©Photo A.Ricci

140 œuvres au total, toutes issues des collections du musée, pour retracer les grandes étapes du mouvement depuis les origines et même un peu au-delà, jusqu’aux tendances actuelles autour du surréalisme. Dans le fonds essentiellement constitué des dons et donations de Fred Deux et Cécile Reims, de Zao Wou-Ki (Matta, Max Ernst) et de quelques achats, figurent 44 eaux-fortes de Salvator Dali (1904-1989) et une collection d’estampes de Hans Bellmer (1902-1975) gravées par Cécile Reims sur le thème initial. De ce trésor de portée historique, preuve des affinités du musée avec le surréalisme, 37 estampes de Dali et une série de 18 planches de Bellmer ne sortent qu’exceptionnellement des réserves en raison de leur fragilité. Ces pièces majeures sont montrées à l’occasion de l’actuelle exposition.

Salvador DALI – Sans titre – Vers 1969 – Burin et pointe sèche sur japon nacré – Donation Cécile Reims et Fred Deux – 2002 – ©ADAGP, Paris 2024 – ©Photo A.Ricci

Patrice Moreau, conservateur en chef du musée et responsable de l’exposition, prend appui sur les inestimables illustrations du chef-d‘œuvre de Lautréamont, source d’inspiration du Surréalisme. En préambule de l‘exposition, une gravure de 1917 de Mario Prassinos, dont les œuvres viennent de s’ajouter au fonds du musée, illustre la pièce d’Apollinaire « Les Mamelles de Tiresias » avec le sous- titre de « Drame surréaliste ». Entériné en 1924 par le Manifeste d’André Breton, le terme « Surréalisme » était donc déjà présent quelques années auparavant. De son côté un masque authentique de Nouvelle-Irlande de la collection Breton, acheté par Fred Deux et Cécile Reims, rappelle l’importance dans le Surréalisme des arts extra-européens.

Masque Kipang XIXè- XXème siècle Nouvelle-Irlande – Ancienne collection d’André Breton – Donation C.Reims et F.Deux – 2006 – ©Photo Jean Bernard

Après cette introduction, une première salle montre un ensemble de membres incontournables du groupe. On voit ainsi Robert Matta, artiste originaire du Chili, et sa grande huile sur toile Psychologie de l’air (1996), André Masson avec Rêves d’un futur désert (1942), une gravure à l’eau-forte et pointe sèche, Moraine de Marcel Jean, gouache et crayon (1936), et Les demeures de la nuit (1991). Marcel Jean, artiste pluriel, grand connaisseur des principales figures du Surréalisme, publiera une Histoire de la peinture surréaliste, avant de rompre avec André Breton… De Max Ernst, on admire quelques petites pièces, dont un « frottage », technique utilisée par les surréalistes, issu de la collection Zao Wou-Ki, attesté au dos par la signature d’Éluard, et un monotype illustrant Alice de Lewis Caroll, autre précurseur littéraire. De Joseph Sima, l’huile sur toile Chaos, et encore deux planches aux accents ésotériques de Jorge Camacho qui encadrent deux poupées Kachina, représentations de divinités hopis.

André Masson – « Rêve d’un futur désert » – 1938-1942 – Eau-forte et pointe sèche Gravure Atelier 17 – New-York – 1942 – ©Photo A.Ricci – ©ADAGP, Paris 2024

Pudiquement exposés au sein du cabinet d’art graphique, les tirages-collages de Molinier montrent l’absence totale de censure morale et la place subversive de l’humour.
La liste des artistes présents est très longue, d’Henri Michaux à Jean-Paul Riopelle, de Rebecca Horn à Unica Zürn, ou de Louis Pons à Anton Prinner, dont une immense sculpture se dresse dans le hall d’accueil. On voit encore Wols, Victor Brauner, Pierre Alechinsky, et Christian Fossier, décédé en 2013, qui a produit une eau-forte intitulée Maldoror. Un tableau d’Asger Jorn, du groupe CoBrA, est associé comme continuateur du Surréalisme.

Roberto Matta – « Psychologie de l’air » – 1996 – Huile sur papier Canson marouflé sur toile – Achat avec l’aide du Fonds régional d’acquisition des Musées de France – 1998 – ©ADAGP, Paris 2024 – ©Photo M.Nguyen

« Autour du surréalisme », à l’intérieur du musée, se poursuit avec l’exposition « Henri Michaux, Écritures », et en passant par un coup d’œil sur l’intime salon de Léonor Fini. A l’extérieur, le Parc de Sculptures montre à ciel ouvert les œuvres d’Antoni Clavé, Max Ernst, André Masson…

En Une : Joseph SIMA (1891-1971) – Chaos – 1959 – Huile sur toile – Don collection Cécile Reims et Fred Deux – 2006 – ©ADAGP, Paris 2024 – ©Photo A.Ricci