Pierre POULAIN
Bio
Le fil rouge de Pierre Poulain…
Aux yeux de Pierre, la création consiste à rendre le plus transparent possible sa personnalité (la psyché et le mental) pour percevoir « ce qui est » et ne pas interférer avec sa propre subjectivité. Il s’agit donc d’un processus de détachement. Le mental doit être « en blanc » et la psyché en repos pour empêcher les interférences, au moins autant que possible, le détachement absolu étant une utopie pour nous.
Il lui faut ensuite engager un mouvement, ouvrir la porte aux opportunités : il marche dans les rues, au hasard, l’appareil photo à la main.
Pierre ne va jamais à la rencontre de l’événement, car celui-ci peut se manifester à tout moment et à tout coin de rue. Il ne cherche pas à reconnaitre une scène, ni à la qualifier d’intéressante ou non. Il travaille à l’intuition, essayant de percevoir – souvent à la périphérie de la vision, du coin de l’œil – un « plus ». Habituellement, ce n’est pas quelque chose de précis. C’est une lumière différente, une impulsion, une intensité, une émanation. Alors, il prend la photo, cherchant l’équilibre entre le temps nécessaire à prendre pour régler l’appareil et le temps à ne pas perdre, car tout se passe rapidement. Le moment décisif est éphémère par nature. Puis il se remets en marche.
Quelques mois plus tard, il découvre sur son ordinateur les images capturées. Alors, si la Muse est présente et s’il a réussi à capturer l’essentiel, il découvre une photo qu’il considère pouvoir ajouter à son catalogue.
En quelques mots, son premier choc artistique…
L’évidence, c’est Henry Cartier-Bresson. Et, le choc, c’est la fameuse photo connue comme « Place de l’Europe » ou « Derrière la gare Saint-Lazare », en 1932 à Paris, où l’on voit un personnage sauter par-dessus une flaque d’eau, figé dans les airs.
Le choc, plus que la photo, c’est son histoire : bien des années plus tard, Cartier-Bresson raconta qu’il n’avait pas vu l’homme qui saute. Il était intéressé par le décor, qui n’était visible qu’en regardant au travers du trou d’une palissade. Il a placé l’objectif de son Leica dans le trou et a appuyé sans regarder sur le déclencheur. Ce n’est qu’au retour du film du laboratoire qu’il a découvert l’homme figé dans les airs. A un journaliste qui lui a dit : « Alors, c’est seulement de la chance », Cartier-Bresson a répliqué : « Bien sur, il n’y a que la chance qui compte. Mais, le plus important, c’est d’apprendre à avoir de la chance ».
C’est cela, pour lui, le choc artistique : apprendre à avoir de la chance ! Aucun hasard n’existe, il n’y a que « Fatum », le destin. L’artiste doit trouver comment convoquer son destin !
Le portrait chinois de Pierre Poulain
Si vous étiez une oeuvre, vous seriez : Un bas relief de la chapelle d’Osiris du Temple d’Abydos en Egypte.
Si vous étiez une couleur, vous seriez : Noir ou Violet sombre.
Si vous étiez un pays, vous seriez : L’Inde, Israel, ou un pays de l’Asie du sud.
Si vous étiez un livre, vous seriez : La Voix du Silence, HP Blavatsky
Suivre Pierre Poulain
« Les photos de Pierre évoquent dans l’œil du spectateur des mondes complexes qui nécessitent bien plus qu’un regard superficiel. La nature énigmatique de ses œuvres révèle, pour moi, bien plus qu’une histoire univoque. Ses images sont universelles car elles ne sont pas liées à une époque et à un lieu spécifique. »
Alex Levac. Prix Israel de la Photographie en 2005.