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On en parle

Pascale Parrein – Des traces d’humanité

Aralya, le 3 janvier 2025

Sur les murs de la Médiathèque de Fontenay-sous-bois, des personnages attirent notre attention. Cette représentation humaine possède une certaine fragilité…. Nul besoin de couleur, juste le noir de l’encre et le blanc du papier qui s’épousent et s’offrent à nous ! On est au Salon Artcité en ce mois de septembre 2024. On a hâte de rencontrer Pascale Parrein qui se cache derrière ce travail.

L’homme au pull – Gravure – 40×60 cm

Pascale Parrein nous ouvre les portes de son atelier grenoblois au milieu des presses et du papier… Au mur, des oeuvres chacune avec son histoire… Un atelier qui respire la création, un univers à l’intersection de la technique et de l’inspiration dans lequel on perçoit toute l’ambigüité de l’artiste.

Au commencement la gravure… une découverte qui va très vite devenir une passion ! C’est à l’âge de 15 ans que Pascale a rencontré la magie de la gravure : son professeur de dessin au collège était graveur. C’est avec lui qu’elle va découvrir l’univers qui, des années plus tard, allait devenir le sien. Son parcours a été jalonné de belles rencontres autour de cette technique. Au Québec, au USA, en Angleterre… dans chacun de ces pays elle s’est formée avec des spécialistes, a travaillé dans des ateliers où la gravure est pratiquée naturellement, où chacun partage son expérience. Une ambiance d’échange, de réflexion, de confrontation et d’apprentissage que l’artiste apprécie tout particulièrement et qu’elle a eu du mal à retrouver à son retour en France.

Bien qu’ayant obtenu un diplôme en Art Plastique par correspondance, Pascale va se consacrer à son métier d’ingénieur en optique. « J’ai toujours hésité entre la science et l’art… entre l’essentiel et le non essentiel – ajoute-t-elle avec humour – entre le Yin et le Yang ! » Cette situation lui permet de gagner une liberté totale dans sa recherche picturale. Et Pascale de rajouter « Il me semble que la vie est constituée d’éléments plus ou moins essentiels, comme des sortes de briques qui construisent un édifice plus ou moins complexe et plus ou moins solide. Dans mon édifice, il y a pas mal de briques. L’art constitue l’une d’elles, appartenant probablement aux fondations : solide et essentielle. Sans elle, l’édifice ne tiendrait pas. Sans les autres, il n’y aurait pas d’édifice. » 

Les sources qui donnent naissance à ses créations sont multiples mais il y a toujours une image qui émerge d’un ensemble de choses vues dans la réalité ou qui se rapporte à un événement, une histoire, une personne. Observer ou ressentir une réalité environnante ou intime, à l’aide de moyens simples, de formes essentielles. Paysages, personnages ou science optique… ses thèmes de prédilection avec cette recherche dans les noirs qui est une véritable passion ! « J’aime regarder, j’aime sentir, j’aime ressentir, j’aime partager. Mais aussi j’aime apprendre de nouveaux concepts, j’aime comprendre des processus et des significations. Je pense que l’inspiration vient de cette somme infinie de choses diverses qui me nourrissent quotidiennement. Elle vient aussi des heures laborieuses à mettre toutes ces choses ensemble. Ces heures silencieuses à essayer, à réessayer, à éliminer… »

La Consolation 3 – Dessin – 40×50 cm

Son travail se nourrit de la nature et de notre nature aussi. Une écriture qui réinvente la perception du paysage mais aussi la fragilité, la peur, la part d’ombre des humains, « une frontière mal définie ». Fragments de mémoire, d’identité, altération, existence, racines, famille, filiation, lieux de vie… comment faire surgir la vérité sans le réalisme ? « Mon travail se situe dans une bande instable entre présence et absence, entre figuratif et abstrait, entre apparition et disparition »

Bien sûr il y a la technique méticuleuse, précise qu’exige la gravure qui tient tout autant de l’art que de l’artisanat (dans le sens savoir-faire) mais il y a surtout le regard de l’artiste, sa passion. Lâcher l’académisme et la technique, oublier les règles pour ne se concentrer que sur l’oeuvre ! « Le graveur est un artiste tout simplement » résume Pascale. Le dessin papier restant son socle.

Elle puise dans ses souvenirs passés ou présents les émotions qu’elle va mixer avec les sensations actuelles. « Dans mes oeuvres j’essaie de laisser assez de place pour celui qui vient à la rencontre de l’oeuvre afin qu’il puisse y mettre ce qui lui appartient. J’aime l’ambivalence d’une oeuvre permettant qu’il n’y ait pas qu’une seule réalité à lui attacher… »
Il y a dans les tableaux de Pascale un mélange de réalité quotidienne et de silence mystérieux, lorsque les espaces bousculent vers l’indéfini. Les noirs sont intenses, les sujets immobiles, presque hiératiques incitant à une réflexion vers les questions essentielles.

Signalons enfin que de belles expositions des oeuvres de Pascale Parrein vont se tenir toute l’année 2025 et nous aurons le plaisir d’y revenir régulièrement.

En Une : Les Intranquilles III – Gravure – 39×53 cm