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On en parle

Chantal Balkowski et Daniel Lacomme

Christian Noorbergen, le 24 décembre 2024

“Le peintre et l’astronome“

Livre rare, récent, singulier et étonnant : elle est astrophysicienne, il est peintre. Elle aime l’art, il aime les hauteurs de l’univers, et leurs paroles s’accompagnent dans un somptueux dialogue riche et fécond. Pour Daniel Lacomme, peintre abstrait et graveur, «la matière reste la réalité physique de l’œuvre. L’artiste crée sa matière autan qu’il la reçoit.» Pour Chantal Balkowski, la matière étudiée est hors de portée, et la lumière un véhicule absolu, même si « la lumière visible pour nos yeux correspond à une infime partie des ondes du spectre électromagnétique». Pour le peintre, elle est «au cœur de la picturalité», comme si elle reliait les confins de l’univers aux secrets de la matière peinte.

Si la beauté est dans la distance, selon Simone Weil, les confins du monde (fût-celui du dedans) pourraient être l’horizon de toute grande création, dégagée des séductions de l’apparence, et de la proximité de l’inévitable dehors. On comprend aussi, en lisant ce livre constitué de vrais et profonds dialogues, que l’astrophysicienne puisse avoir un regard ouvert sur la vérité incarnée d’une œuvre d’art. Pour Jean-Pierre Luminet, qui a préfacé l’ouvrage, les deux auteurs «ont le grand mérite de sortir des sentiers battus que l’on peut lite ou entendre ici et là sur les rapports entre art et science».

Ce rapprochement vécu des extrêmes (illustré de 14 encres originales du peintre et 2 dessins personnels de l’astronome) créé en 35 chapitres habités d’un somptueux parcours mental, éclairé-éclairant, à deux voix superbement fouillées.