Benjamin Sabatier, agrégé d’arts plastiques, a soutenu, en 2016, une thèse de doctorat intitulée « L’art à l’épreuve du travail. Entre représentations et processus : économie, politique, utopie »
Il est bien connu dans les réseaux de l’art posturo-concetualo-bidulaire officiels pour son questionnement sociétal, pour avoir interrogé de manière récurrente le concept de travail, pour sa performance consistant à tailler des crayons pendant 35 heures, pour sa brouette faite d’un bloc de béton assorti d’une roue et de deux manches, pour ses sacs de ciments durcis, éventrés ou enserrés dans des serre-jonts, pour ses tiroirs pleins de béton, pour ses colonnes de briques assemblées avec ces mêmes serre-joints, etc…etc…
Bref pour s’être « emparé de l’histoire ouvrière afin de déployer une œuvre sculpturale marquée par l’esthétique du chantier ». Bref, pour son œuvre lourdement bétonnées idéologiquement.
Pour ce plasticien, et selon le critique d’art Raphaël Brunel, « l’action même de créer, de « travailler », devient aussi importante que le « produit » de ce travail, l’œuvre finale. Est-ce un acte créateur conçu comme un travail ou un travail transformé en acte de création ? La question se pose en termes de durée, de temps de réalisation, de répétition du geste et surtout de finalité. Le propos de Sabatier se situe précisément dans cet interstice qui sépare le travail et son produit, réactualisant l’interrogation centrale des Constructivistes autour de l’abolition de la séparation entre art et travail.
Les processus et systèmes sculpturaux mis en place par Benjamin Sabatier témoignent d’une littéralité assumée, où se dévoile d’emblée, sous couvert d’apparente simplicité, les ressorts formels de l’oeuvre. L’angoissante question du « comment ça marche, comment ça tient ? » se résout ici dans une formule tautologique plus ou moins réelle mais toujours crédible laissant les logiques de construction apparaître en tant que telles, à la fois cause et résultat. La démarche de Benjamin Sabatier s’envisage à l’une des théories alternatives et émancipatrices du « do it yourself ». Cette prégnance de la forme – sa « fulgurance » en quelque sorte – révèle en fin de compte le potentiel démocratique et politique d’un travail polysémique jouant des évidences et des paradoxes, agrégat de références à l’histoire de l’art moderne, aux utopies sociales, aux thèses de Walter Benjamin et aux techniques de marchandising contemporaines. »
Ben voyons Ginette ! Pourquoi se gêner ?
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