Remarqué pour ses choix audacieux, le galeriste Vincent Bonduelle présente en cette nouvelle édition de Lille Art Up une série de sculptures de l’artiste David Brésard intitulée « Gueules cassées« . Exposé pour la toute première fois, l’artiste a momentanément délaissé l’Asie du Sud-Est pour revenir dans les Hauts-de-France.
David Brésard est un chasseur infatigable. Il n’est point nécessaire de brandir quelconque bannière de défense animale car en matière de chasse, son gibier de prédilection s’avère minéral ou végétal ! Son terrain d’investigation s’étend autour de chez lui à des kilomètres touffus à la ronde, un « chez lui » qui n’est autre qu’une maison, conçue et construite par lui-même, perchée sur quelque hauteur de la jungle philippine.
Pour David Brésard, la nature est source inépuisable d’inspiration. Il affectionne le bois mort stigmatisé par l’usure du temps et des intempéries, façonné et rongé par l’humide moiteur de la jungle ou grignoté par de gourmandes termites. Autre matériau de prédilection que le Dieu de la forêt Faunus met à sa disposition : la pierre. De tortue, de sable ou de calcaire, quartz, fossiles ou corail noir, les pierres dénichées dans la montagne foisonnant de trésors, ne demandent qu’à être sublimées.
Amoureux de la nature à l’imagination aussi riche que la luxuriante végétation environnante, David Brésard travaille ces pierres en sculpture après les avoir chinées, ramenées au terme de périples rocambolesques, nettoyées pour mieux les façonner, les polir, les sculpter, en faire émerger la gemme de ses rêves. Son imaginaire se nourrit de règne animal, d’animaux mythiques, de créatures fantastiques issues de comics.
Les tourments des pièces présentées ont attiré l’œil averti de son galeriste, Vincent Bonduelle. Ici un crâne hurle, de rire peut-être ; là une carcasse rompue de fatigue traîne une languissante silhouette ; ici encore un Yurei étêté aux membres sectionnés. On pense à Jean Roulland ou à Marie Remmery-Roulland, présentée lors d’Art Up 2023 et plus récemment en galerie, à Eugène Dodeigne aussi, autant d’artistes que Vincent Bonduelle a rencontrés dès l’enfance aux côtés de son père.
Ces gueules cassées sont porteuses d’espoir et avides de reconstruction dans une forme de résurrection. Des gueules cassées qui se jouent de la mort et de la souffrance, adoucie par les couleurs et le polissage de la pierre. La jungle philippine a exulté des trésors minéraux auxquels David Brésard donne sens et forme. A noter que ses sculptures côtoient sur le stand les peintures d’Orlane Kindt et de Ludovic Dervillez, déjà présentés sur Aralya que nous vous invitons à redécouvrir.
Vincent Bonduelle Art Contemporain
Lille Art Up – Stand E8-F7 – Du 13 au 16 mars 2025
En Une : Gueule cassée 16 – Pierre de calcaire dite pierre de bois – 2025 – H50xL27xP15 cm
