Maurice JAYET
Bio
Le fil rouge de Maurice Jayet…
A partir d’une expression qui revendique l’absence de tout sujet, j’essaye de faire émerger des atmosphères et des ambiances dans un creuset d’authenticité.
C’est faire coexister, en les rendant indissociables, des formes et des mouvements, aux seuls desseins d’accorder à la surface peinte de quoi attirer le regard, le surprendre et le troubler, le cas échéant.
Tout s’élabore en ne laissant pas deviner l’intervention humaine. Il s’agit de traces plutôt attribuées à des « accidents naturels », dont la juxtaposition dégage spontanément une expression.
C’est inviter le regard à se démunir de tous préjugés, à évacuer un instant les références rassurantes du quotidien (en termes de temps, d’espaces et d’images) et se laisser impressionner par rien, ce rien parfois source d’intérêt.
Peindre c’est établir une relation avec la réalité. C’est afficher des choix où pointe une révolte contre l’organisation du monde. C’est affirmer que limiter une palette au noir et au blanc peut générer des dialogues et favoriser des expressions, que c’est l’oeuvre elle-même qui devient sujet, qui occupe entièrement par son autonomie le lieu de la représentation.
Le tableau n’est pas une reproduction, il ne tire pas sa légitimité d’un travail mimétique mais de l’attention qu’il attire sur lui-même en tant que création.
Entrer dans ce territoire artistique en noir et blanc ne suppose aucun visa, ne demande aucun laissez-passer. Nul besoin de codes ou de règles pour pénétrer cet univers abstrait, d’une expression immédiatement perceptible.
L’ambiance et l’atmosphère remplacent l’image et le sujet.
La puissance évocatrice de l’expression efface toute narration.
De même, l’incertitude du trait et le négligé du geste valent toutes les virtuosités de la restitution.
Je ne montre pas la réalité dans ce qu’elle a de perfectible ou d’onirique, je tente de l’assigner à une résidence sans repères, débarrassée de présences tangibles et d’éléments reconnaissables.
Tout ça pour inviter le regard à faire l’école buissonnière.
En quelques mots, son premier choc artistique…
L’ont aidé dans cette aventure des découvertes précieuses.
Des peintres comme Tapiès, Soulages, Marfaing, Balthus, Hammershoi… Des moments de scène signés Lavaudant ou Kantor… La chorégraphe Pinà Bausch, le jazz, notamment le free-jazz et Léo Ferré dont les textes et les coups de gueule l’ont souvent accompagné.
Le portrait chinois de Maurice Jayet
Si vous étiez une oeuvre, vous seriez : Une chanson de Léo Ferré.
Si vous étiez une couleur, vous seriez : Le Gris.
Si vous étiez un pays, vous seriez : L’Italie.
Si vous étiez une musique, vous seriez : Free jazz.
« Le lyrisme abstrait de la peinture en noir et blanc de Maurice Jayet sait ménager une place à l’évocation.
Nulle forme identifiable, nulle image à laquelle se retenir dans ses toiles, mais un théâtre de chocs et de tensions, où de confuses clartés tentent d’échapper à l’emprise des ténèbres et où la véhémence est mise en évidence par les puissants mouvements de matière qui caractérisent son art. »
Jean Pierre Chambon