Claudine DUCAROIR
Bio
L’ESPRIT DE LA PEINTURE
Peindre est pure énergie physique et spirituelle. Pour moi, c’est un engagement de tout mon être : me mettre en disponibilité de corps et d’esprit sur l’intention entière de mon œuvre, faire taire ma raison, mes savoirs, trouver l’élan vital et tout lâcher.
Avec les techniques à l’eau que j’ai longuement pratiquées, (encre, aquarelle, gouache), peindre est une aventure qu’il faut mener avec la liquidité de la matière où tout contrôle n’a pas sa place.
“Peindre, c’est toucher le vrai. On se trouve sur un terrain où le savoir n’existe plus, où il faut avancer sans même savoir où l’on va“. (Bram Van Velde)
N’être que pinceau ! Savant mélange de maîtrise et de lâcher, un saut dans l’inconnu. Le doute qui m’assaille est mon aiguillon. Si mes œuvres ont quelque vie, c’est qu’elles sont sincères, qu’elles viennent de la vie, nées de l’inconnu et non de l’habitude, d’un savoir.
Ici, le sujet repose sur l’expression du corps en mouvement directement d’après modèle vivant. Le corps dans son attitude suggère des expressions, émotions, états d’être, que le peintre révèle en résonance avec lui-même dans l’instant présent. C’est un effet-miroir. Le corps est un prétexte, le peintre devient le médium, le révélateur.
François Cheng, écrivain calligraphe, (dans ‘Souffle-Esprit’) m’a beaucoup apporté dans la gestuelle du trait que j’ai mise en pratique – l’énergie du pinceau – où le souffle créateur génère le trait de pinceau dans tous ses reliefs, tensions et nuances pour lui donner le sens vital et l’esprit d’une œuvre sensible.
“Dans une vraie peinture, un seul trait suffit à raviver le souffle“. (François Cheng)
Dans mes œuvres composées, issues de mes esquisses d’après modèles vivants, les techniques évoluent naturellement, entre matière et fluidité, effacements et dématérialisations qui créent l’illusion d’espace conduisant le regard vers le dynamisme de l’œuvre dans le temps, entre doutes et certitudes.
Vers quoi cette aventure picturale me conduit-elle ? … je cherche une issue … je reste en suspens, je suggère mais ne dis pas. La vie est un combat, la peinture aussi. Elle doit garder le mystère, le peintre en est le gardien.
“Le sujet, tout le monde le voit, le fond n’appartient qu’à ceux qui sont concernés, quant à la forme, c’est un mystère pour presque tous“. (Goethe, ‘Maximes et Réflexions’)
DE L’EXPRESSION DU CORPS À LA TRANSPARENCE DE L’ÊTRE.
Avec le corps pour modèle, j’expérimente une expression gestuelle picturale libre à même de traduire le mouvement et le vivant dans sa sensibilité et son émotion.
Mes pinceaux – sculpteurs débridés de l’instant, évoquent ou révèlent les formes dans un jeu de lignes expressives et de transparences superposées – Entre matière et fluidité –
Mon travail est un univers de suggestion de l’”Entre-deux” entre graphisme et peinture, entre abstraction et figuration, entre destruction et renaissance, sensualité et tourment.
“Ces corps renferment tout à la fois, l’homme et la femme, la solitude et la rencontre, la fin et le début, la chute et l’élévation“. (J.P. Mello, écrivain)
« L’esprit est dans la chair, le mouvement dans l’esprit, la matière est vie ».
(Roger Balavoine, Critique d’art)