Est-il besoin de répéter qu’il n’y a pas qu’une vie dans la vie ? Aurélie Chrétien en est une preuve de plus : après 25 années consacrées à l’optique, son regard sur la vie a changé. « Il me manquait une liberté ! ». Qu’à cela ne tienne, de bons choix, de belles rencontres fort à propos et la voilà embarquée dans une carrière artistique. C’est la galerie Lill’Art et plus particulièrement Bernard Kowalczuk qui lui insuffle le courage nécessaire pour se lancer, se faire confiance et prendre un atelier, tout en l’initiant à la technique du collage.
Un voyage à New-York la confronte aux affiches placardées sur les murs, ces superpositions de feuilles qui pèlent et se délitent, soumises aux aléas du temps qui passe et des intempéries qui usent, parfois colorées des stigmates du Street Art ! Elle décolle pour mieux recoller, ajoute ses lacérations aux déchirures déjà infligées, s’amuse de collages, couleurs, écritures pour complémenter d’éventuels tags et graffitis. Aurélie intuitivement est devenue affichiste et lacératrice. A l’instar d’Orlane Kindt, amie et artiste qu’elle affectionne, elle aime les épaisseurs, la matière, les ateliers où Cendrillon devient souillon en bleu de travail peinturluré. A ce titre son lieu vous est ouvert aux portes de Lille, à La Madeleine.
Il lui faut donner un sens. « Pendant 25 ans j’ai regardé les yeux des autres », ces yeux qu’elle fixe aujourd’hui dans ses œuvres. Point de départ, une photo qui la séduit, l’accroche, qu’elle soit originale ou reproduite et imprimée sur toile. Point de règle établie quant au choix des personnages, ils s’imposent d’eux-mêmes sans nécessité de grâce ou de beauté, il suffit d’une « gueule », un regard. Profond, magnétique, envoûtant. Ce petit quelque chose qu’elle capte et retravaille ensuite avec un sens aigu du plaisir, celui qu’elle prend et celui qu’elle transmet, ajoutant sa patte en peinture, collages, pochoirs, posca et autre craie.
De son ancien métier, elle conserve l’amour des chiffres car « en optique on calcule tout le temps ! ». Ces chiffres qu’elle intègre dans ses créations, jouant sur la rondeur et la sensualité des courbes d’un 6 ou d’un 9, car travailler sur la féminité lui tient à cœur, les voyages aussi, inspirants et vivifiants. Elle aime parcourir et arpenter les autres contrées car au retour elle sait que naîtront de nouveaux tableaux, nourris d’images, de couleurs et d’expériences comme cette Tanzanie où sa fille s’est aujourd’hui établie.
Tout en douceur et vivacité, Aurélie aime être née le jour du printemps, saison bénie du retour des beaux jours et de la saison des amours ! Son mot-fétiche, l’audace, « un mot que j’adore ! ». Elle se cherche et explore sans cesse. Les premières œuvres étaient parsemées de papillons, hommage au jour qui renaît chaque matin, à la chrysalide délaissée pour un nouvel envol. Sa marque de fabrique fut Lili J., signature autant que toute première galerie itinérante, mixant le doux diminutif de Lili, référence à son prénom, et le J du D-Janté qu’est son fils. Aujourd’hui c’est un trait orange qui tague son nom, couleur universelle mais surtout celle du soleil, on y revient !
C’est « Aux enfants terribles » qu’elle expose ses portraits : beaucoup d’acteurs, stars éternelles, BB, Steeve McQueen, Lino Ventura ou le couple mythique Sophia-Marcello, mais aussi des tronches saisissantes de rudesse et de force, comme ce JCV brut et viril à la noirceur lustrée, de celle qu’exhalaient les mineurs revenus du tréfond des boyaux… Dans une montée d’escalier indus, au-dessus de tables bistrots ou face au bar, ses portraits contrastent avec les murs de briques rouges de cette ancienne ferme reconvertie en bar-restaurant, « propice au lâcher-prise » comme il se labellise. Ouvert voilà un an à Marquette-Lez-Lille, ce lieu de vie et de rencontres aux fonctions et clientèle multiples vivant et chaleureux rassemble brasserie, espaces de co-working, spectacles et autres joyeusetés.
A l’issue de cette exposition éphémère, Aurélie pense revenir à ses débuts, faisant la part belle à l’abstraction, des collages non sans rappeler les prémices du cubisme à l’heure du tâtonnement d’un Braque ou d’un Picasso. Pour l’heure elle aime rencontrer et partager, mêler les genres et les plaisirs. Puisque l’endroit le permet, musique et danse ont accueilli son exposition « Aux enfants terribles » en un vernissage chaleureux. Et à l’issue des festoiements de fin d’année, il n’est pas exclu de vous y convier début janvier pour des après-midis galette super chouettes !
Jusqu’au 14 janvier 2024 Aux Enfants Terribles – Marquette-lez-Lille (59)
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