Plus grand espace vert de la capitale (44 ha), plus grand cimetière intra-muros (plus de 70 000 tombes), dernière demeure d’innombrables célébrités, Le Père Lachaise, cimetière le plus visité du monde, est implanté sur une colline, jadis propriété hors-les-murs des Jésuites. Le Père Lachaise n’était autre que le confesseur de Louis XIV.
Les ossements entassés dans des fosses insalubres, avant la Révolution, ont été transférés dans un ossuaire souterrain, origine du cimetière actuel. Le lieu n’attirant guère, seule une opération de communication pouvait déclencher l’intérêt.
En 1817, le mausolée d’Héloïse et Abélard, auréolé de la légende de leur inébranlable et impossible passion, est inauguré solennellement. Suit le transfert des dépouilles présumées de La Fontaine et Molière, disparus un siècle avant. Il devint alors de bon ton d’aller se promener dans la verdure, se rassembler, et parler clandestinement politique lors des tragiques événements de la Commune. Le Mur des Fédérés rappelle le souvenir des Communards fusillés.
Ce pays du souvenir rassemble deux siècles d’histoire, on y croise écrivains, musiciens, peintres et sculpteurs, cinéastes et acteurs inoubliables, hommes politiques et quidams. Pêle-mêle Daumier, Lalique, Chopin, Balzac, Ingres, Modigliani, Bourdieu, Arman, Wallace, le créateur des fontaines, Pleyel, le facteur de pianos, Hyacinthe Vincent, à qui est dû le vaccin antityphique, l’illustre tragédienne Sarah Bernhardt, Yves Montand, inséparable de Simone Signoret, Bashung, Moustaki, Petrucciani….
Caveaux, chapelles privées, obélisques et pyramides, surgissent de partout. Fatras parfois excentrique, souvent démesuré. Amas de pierres tombales moussues, entrelacs de végétation.
Géricault, en gisant de pierre, tient encore sa palette, sur le socle un bas-relief représente le radeau de la Méduse.
Le buste de Rodenbach, poète symboliste, surgit du tombeau, un peu effrayant. Oscar Wilde, en sphinx ailé, sculpté dans un bloc de 20 tonnes, protégé par une vitre de trop d’admirateurs-trices empressé-e-s, et bien sûr, Jim Morrison, la tombe la plus visitée.
Tout un chacun, s’il est Parisien, ou décédé à Paris, peut espérer reposer dans ce haut-lieu de mémoire. La partie moderne n’aura cependant jamais le charme de la partie ancienne, classée en 1962 par Malraux.
Le cimetière du Père Lachaise est beaucoup plus qu’un immense lieu de recueillement. Si les présences historiques abondent, des recoins de nature romantique, ici et là, proposent une belle errance méditative.
Les sentes pittoresques, à l’écart de tout, et parsemées de sculptures inattendues, valent mille fois le détour.
Cimetière du Père Lachaise – Paris (20)