« Cris du corps »
Des yeux de ciel incantent l’espace, tandis que des lèvres à peine esquissées blessent nos mémoires. Il n’y a pas de sol, et l’absence est le seul paysage visible.
De loin venue, l’éternelle inguérissable enfance habite seule le pays des tableaux. Même si quelques traces subsistent, les couleurs ont presque disparu, errantes, elles ne peuvent habiter un corps inhabitable. Dans les lointains des fragiles apparences, les couleurs ne sont plus utiles. Elles ne sont que passantes…
La plus vive sensibilité picturale de Bea Vangertruyden sidère, aux confins du trouble et de la présence effarée, quand chaque visage est une immensité, quand chaque visage est une île abandonnée. Chaque visage-face, maculée d’infime beauté, envahit l’étendue tout entière. Les impossibles et sublimes portraits de Béa Vangertruyden ont crevé les yeux du temps, ils saignent de vie, et hantent à jamais l’abîme de nos mémoires. Dans la proximité des masques qui protègent, elle peint dans la béance l’autre de soi qui fut notre assise, elle explore l’impensable des premiers pas de l’existence, et peut-être même avant…
Les corps de Béa Vangertruyden sont en éprouvante autarcie, ils ne cessent d’émerger des enfances corporelles, éternellement prisonnières de leur terrible éveil, les yeux aveuglés d’amour absolu.
Ses sculptures façonnent des possibles, des semblances d’êtres, et des inachevés saisissants et miraculeux. « Les sculptures d’enfants, prisonniers de leur gangue de terre qui se craquellent, captent de leur yeux clos la profondeur des portrait », écrit Marie Vitoux. Fascinantes énigmes corporelles en attente…
Jusqu’au 15 mars 2025
Galerie Marie Vitoux – Paris 4ème
En Une : Surpris par sa propre beauté – 2024 – Aquarelle sur papier – 120×90 cm
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