« A priori toute place est possible.
Cependant, il n’est généralement pas possible d’utiliser toutes ces places à la fois, entre autres parce qu’à chaque place possible, l’œuvre changera de dire. Et un choix doit être fait parmi les choses à dire – y compris la volonté du non-dit – à moins de vouloir être, à proprement parler, inaudible.
Aujourd’hui, comme rien ne restera fixé, que le faire sera en même temps le moyen et la fin, le dire sera centré sur la mobilité. Dire multiple, mis en mouvement et s’effaçant au fur et à mesure. Donc ici, je considère que la salle que l’on m’offre dans ce bâtiment est mon atelier et que j’y travaille sous vos yeux.
Refusant comme d’habitude une quelconque sorte d’invention formelle, je travaille ici en utilisant les éléments spécifiques qui me sont donnés dans cette salle et qui vont donner à ce travail sa forme et son support.
C’est-à-dire que, plus précisément et ici, je n’utilise que les fenêtres, trous dans l’architecture, pivots entre l’extérieur et l’intérieur, encadrant l’extérieur et encadrées par les murs depuis l’intérieur.
Sous vos yeux donc, non pas un travail fini, fixé, mais bien un travail dont la visibilité du faire se développant sous vos yeux en est le sens même. » ...Ben voyons Ginette, c‘est quand même mieux en le disant…
Texte de Daniel Buren – Extrait de l’ouvrage en trois volumes, « Daniel Buren – Les écrits »