“Claude, le plus grand collectionneur de Claude“. La formule de Baptiste Roelly, conservateur du patrimoine au musée Condé, et commissaire de l’exposition “Claude Lorrain, dessins et eaux-fortes“, permet d’aborder un aspect incontournable de la pratique du maître.
Dessinateur infatigable, Claude Gellée, dit le Lorrain, ou encore Claude (vers 1600-1682), s’est engagé dans des voies nouvelles, à l’insu de ses contemporains. Il ne dessinait que pour lui-même, à l’abri de tout regard extérieur, ses feuilles étaient un lieu de réflexion, et les motifs tracés autant de questions qu’il se posait. Quelque 2250 feuilles ont été conservées, des œuvres à part entière, dessins soignés de composition sur du papier de qualité, conçus comme un mode d’expression autonome. Ces feuilles à l’aspect raffiné n’ont pourtant jamais quitté l’atelier du vivant du maître, méthodiquement répertoriées par le maître dans le Liber Veritatis, conservé aujourd’huiau British Museum. Au contraire des études préparatoires à ses toiles qui ne revêtaient ni la même rigueur ni le même soin.
La jeunesse de Claude le Lorrain n’est pas très bien documentée. Né en Lorraine dans une famille modeste, ami de Nicolas Poussin, il a beaucoup voyagé, avec peu de moyens, en Italie surtout, pour étudier la peinture de paysage et la perspective. Tous les thèmes abordés, arbres et scènes bucoliques inspirées de la campagne romaine, motifs religieux, mythologiques ou historiques, dénotent une technique élaborée et une grande virtuosité. Les lavis d’encre ou les dessins à la plume réalisés lors d’excursion en extérieur s’attachent à la représentation de la lumière, aux effets du contre-jour et aux ombres. Repris en intérieur, ils deviennent le point de départ de compositions librement inventées.
Le Cabinet d’arts graphiques du Musée Condé à Chantilly détient douze feuilles, le plus important ensemble de France après le Musée du Louvre, exposé pour la première fois avec les eaux-fortes acquises par le Duc d’Aumale, et de nombreux prêts prestigieux de diverses collections.
Dans cette rétrospective d’ampleur, paysages champêtres, troupeaux de brebis, scènes portuaires, tempêtes, naufrages, sont déclinés à l’envi. Trois planches dites des “Feuxd’artifice” immortalisent en étonnante dramaturgie les fêtes grandioses autour de l’élection du roi de Hongrie et de Bohême en 1637. La “Bénédiction des chevaux devant Santa Maria Maggiore” relève du documentaire. “Paysage avecDaphné changée en laurier” est une relecture des Métamorphoses d’Ovide, et “Le repos pendant la fuite en Égypte” est son sujet de prédilection jusqu’à la fin de sa vie.
Superbe catalogue avec une introduction de Baptiste Roelly et la reproduction des dessins et eaux-fortes exposés.
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