Pour fêter le 150ème anniversaire de la première exposition des Impressionnistes en 1874, le festival Normandie Impressionniste se déploiesur l’ensemble du territoire normand. Une programmation exceptionnelle de quelque 150 événements explore l’héritage impressionniste sous ses formes contemporaines. David Hockney, avec “Normandism“, Bob Wilson et ses jeux de lumière sur la cathédrale tant magnifiée par Monet, ou encore Olga Kisselva, qui met en œuvre l’intelligence artificielle pour créer “Zone“, création aussi énigmatique que celle du film Stalker de Tarkovski, sont parmi les vedettes aisées à repérer.
L’Abbaye de Jumièges, lieu-clé de l’art normand et carolingien fondé en 654 par Saint-Philibert et situé dans le parc National des boucles de la Seine, accueille Laurent Grasso, vidéaste, peintre, sculpteur et photographe de renommée internationale. Son travail prolonge la démarche impressionniste en remettant en cause nos habituelles perceptions de la réalité. Dans ce haut-lieu de mémoire fait de ruines fabuleuses aimées des Romantiques, Laurent Grasso, séduit par la puissance évocatrice du lieu, a conçu “Clouds Theory“, un parcours labyrinthique qui reflète sa passion pour les voyages dans le temps.
Des sculptures-nuages, disséminées sur l’ensemble du site, oscillent entre archaïsme et futurisme. Sous la forme de gros nuages de cuivre rouge échoués entre les pans de murs dressés vers le ciel, il évoque les grandes catastrophes, invasions, incendies et destructions qui ont ponctué l’histoire de l’abbaye.
Le monastère carolingien a été ravagé par les Vikings, pillé par les huguenots, vendu comme bien national à la Révolution, et utilisé comme carrière de pierres… En signaux lumineux sur les murs, les nuages annoncent les graves événements à venir. Les dates inscrites en néons incandescents sur un mur et les flammes rouges matérialisent divers épisodes marquants ayant des liens directs avec le lieu. Le passé et le futur s’entremêlent, les événements du passé annoncent de possibles scénarios à venir. Dans le logis abbatial, devenu musée lapidaire, trois vidéos aux fortes références scientifiques, tournées sous de lointains horizons futuristes, captent poétiquement des forces intangibles.
Laurent Grasso aime l’anachronisme et l’hybridation, la fusion entre réel et fiction, la science-fiction, et le flottement de la perception. Plongé dans cette immense et plurielle expérience immersive, le visiteur est profondément subjugué.
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