En 1988 naissait à Bruxelles en Belgique le Parcours d’Artistes. Cet événement ponctuel propose depuis 32 ans aux artistes de la ville d’accueillir dans leurs ateliers les amateurs d’art.
Il propose ainsi à un large public la possibilité de découvrir et d’acquérir des œuvres originales d’artistes contemporains reconnus et d’artistes qui ne sont pas systématiquement représentés par des galeries. Il offre aussi aux créateurs une visibilité nécessaire et vitale permettant aux visiteurs de découvrir les coulisses de la création, espaces confidentiels et habituellement inaccessibles aux regards extérieurs. Ces journées permettent également à une communauté de peintres, sculpteurs, plasticiens et graveurs très souvent isolés de se rassembler en réseau, facilitant et démultipliant leurs échanges. En 2020 par exemple, le Parcours d’Artistes de la ville de Bruxelles invite les artistes à investir l’espace urbain pour y implanter le temps de l’évènement des ateliers à ciel ouvert.
Véritable vitrine de l’imaginaire, cette plateforme dynamique leur donne un pouvoir de diffusion et de promotion et une opportunité unique de communiquer auprès des commissaires, des galeristes et des nombreux acteurs institutionnels de la vie artistique de leur ville et de leur Pays.
L’atelier de l’artiste, temple intime de la création
L’atelier d’un artiste est habituellement une antre impénétrable et mystérieuse. Encore aujourd’hui le mythe de l’artiste « créateur-fou » perdure. L’acte de création dissimulé derrière les portes de l’atelier participe à cette fascination et à la légende. L’artiste, personnage étrange, être souvent incompris, parfois « poète maudit » vit hors de la société et du temps. Avec cette invitation aux Ateliers ouverts, le mythe de l’artiste solitaire et inaccessible se fissure.
L’atelier est néanmoins un environnement sacré dont l’artiste a besoin pour se concentrer et faire apparaître en oeuvres la complexité de ses émotions, la lumière et la noirceur de son âme. Catalyseur essentiel, l’artiste y puise sa force et son inspiration, loin des regards inquisiteurs. Tel un laboratoire de l’imaginaire, l’artiste y conduit ses expériences, y projette ses visions, ses convictions et ses passions. Dans cet espace-temps aux frontières protectrices, l’artiste vit, explore, se questionne, invente, explose et se recentre. De l’introspection à l’expression chimérique, des œuvres incarnées prennent forme, laissant ça et là sur le sol, les murs et les meubles de l’atelier des miettes d’incertitude, des croquis inachevés et des battements de cœur. L’atmosphère de ce temple intime de la création participe à la matière même des œuvres et y estampille parfois des empreintes profondes.
Pratique qui était réservée habituellement uniquement aux mécènes ou aux amateurs d’art éclairés, la visite d’un atelier d’artiste s’est peu à peu démocratisée. Des ateliers de création « hors-les-murs » fleurissent également dans les villes.
L’artiste qui communiquait uniquement à travers ses œuvres exposées dans les galeries et les musées se dévoile autrement en ouvrant les portes de son intimité créatrice. Il invite ainsi le visiteur à frôler une autre dimension de sa création, de percevoir une autre facette de son être et de partager les ingrédients de son processus d’invention. Ces rencontres permettent de percevoir l’artiste comme un être humain qui travaille, un autre « moi », un citoyen « imaginateur » et constructeur qui aspire avant tout à l’échange et au partage. L’atelier est donc tour à tour lieu privé de recherche et de production, lieu d’entreposage des oeuvres en attente d’être exposées et lieu de rencontre et de diffusion.
Les ateliers ouverts offrent ainsi à l’artiste une opportunité de braver ses peurs et de faire un pas vers son public, avec bienveillance et humilité.
