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On en parle

Dessins italiens

Chantal Vérin, le 30 octobre 2024

“Naissance et Renaissance“

Situé au cœur de Rotterdam depuis 175 ans, le Museum Boijmans Van Beuningen est l’un des musées majeurs des Pays-Bas. Parmi ses collections d’une haute valeur et d’une grande diversité, du Moyen-Âge à nos jours, le musée abrite un fonds de quelque 800 dessins anciens de première importance. La collection porte la marque de son principal donateur, le banquier d’origine allemande Franz Koenigs (1881-1941), qui rassembla 400 études du moine florentin Fra Bartolomeo (1472-1517).

Jacopo Pontormo – Étude de deux garcons assis – Vers 1525 – Sanguine Musée Boijmans Van Beuningen

La Fondation Custodia, à Paris, expose une sélection des plus belles feuilles italiennes des XVème et XVIème siècles, prêtées par le musée néerlandais.  Dans des limites chronologiques larges, l’ensemble donne à découvrir les grands maîtres de la Renaissance italienne. Des précurseurs jusqu’au XVIème siècle, voire au début du XVIIème, ces artistes œuvraient dans une Italie façonnée par une mosaïque de territoires comme la République de Venise, la Florence des Médicis, la Rome papale, ou encore les cours de Mantoue et de Ferrare. Les traditions artistiques régionales et les pratiques d’atelier n’empêchaient guère les échanges grâce à la circulation des artistes et des œuvres. Toutes les expérimentations des premières générations aboutissent à l’avènement de Léonard de Vinci, figure majeure de cette période, dont on peut admirer “L’étude de Léda et le cygne“ (1505-1507).

Raffaelo Sanzio dit Raphaël – Étude pour le petit saint Jean Baptiste agenouillé – Vers 1509-1511 – Museum Boijmans Van Beuningen

Au cœur des ateliers, le dessin fut le moyen privilégié pour créer compositions et projets, et ces modèles, établis par les maîtres et leurs apprentis, constituent des répertoires de motifs picturaux: animaux, oiseaux, insectes, herbiers, voire paysages. Le carnet de dessins de Pisanello (1395-1455) contient des copies d’œuvres antiques, ainsi que des études de sujets religieux, motifs repris dans ses peintures finales. Une feuille extraite d’un carnet de voyage, “Quatre études d’une femme nue, une Annonciation et deux études de femmes nageant“ reprend les thèmes de modèles existants (la Vierge, l’Ange) et présente des études librement dessinées. De Filippo Lippi (1457-1504), on retient l’intérêt pour le corps humain dans une feuille à voir recto-verso : “Étude d’un jeune homme assis, tenant un bâton“ et “Étude d’un homme debout“.

Piusanello – Quatre études d’une femme nue une Annonciation et deux études de femmes nageant – Vers 1431-1432 – Plume et encre sur parchemin

Cette éblouissante collection graphique, dont les plus belles feuilles sont montrées à la Fondation Custodia, permet d’admirer les œuvres de trois grands maîtres, Raphaël, Michel-Ange, Leonard de Vinci, et d’aborder, à travers de nombreux chefs-d’œuvre,  les repères culturels qui structurent la Renaissance. Les dernières feuilles proposées, de Federico Barocci (1532-1612), sonnent comme l’ouverture sur les générations des dessinateurs de la fin du XVIème siècle qui annoncent l’art baroque.

Jusqu’au 12 janvier 2025
Collection du Museum Boijmans Van Beuningen de Rotterdam
Fondation Custodia – Paris 7ème

En Une : Leonardo da Vinci – Leda et le cygne – Vers 1505-1507 – Pierre noire plume et encre Museum Boijmans Van Beuningen