Le MIJ, Musée de l’Illustration Jeunesse de Moulins, dans l’Allier, consacre une exposition au créateur néerlandais Dick Bruna (1927-2017), inventeur en 1955 de la petite lapine Miffy, dont les aventures ont généré 85 millions d’albums dans le monde. La petite « Nijntje » (du néerlandais « konijntje », lapin), devenue en 1963 « Miffy » après la traduction des livres en anglais, est plus connue que son créateur, ce qui arrive fréquemment aux auteurs d’ouvrages pour la jeunesse.
Auteur de plus de 120 ouvrages traduits dans une cinquantaine de langues, Dick Bruna est né aux Pays-Bas en 1927. Sa famille possédant une maison d’édition florissante, il grandit entouré des livres d’art de la bibliothèque familiale, auteurs et dessinateurs fréquentaient la maison. Aimant lire et dessiner, il aurait dû, selon la volonté de son père, perpétuer la tradition familiale, et devenir à son tour éditeur. Mais sa vocation d’artiste-illustrateur était tracée, voire renforcée, après un séjour à Paris, par la découverte de Matisse et ses collages, Picasso, Léger, et tout l’art moderne.
Deux premiers titres sont publiés en 1955, dessinés au crayon, colorés au pinceau : contour noir, croix pour la bouche et deux points pour les yeux. Le trait épuré, délesté de tout artifice, l’absence de perspective et une palette resserrée autour de couleurs simples, définissent la signature graphique de Dick Bruna. Au fil des albums, les traits de Miffy évoluent, l’expressivité du personnage s’affirme sans jamais contrevenir à l’identité première. Il existe même une « Miffy en larmes », dont le produit financier a été versé aux victimes du tsunami de 2011 au Japon. « En toute simplicité », le sous-titre de l’exposition résume à la fois la personnalité de Dick Bruna, homme généreux et discret, et son inimitable coup de crayon.
La scénographie de l’exposition, sous le commissariat d’Emmanuelle Martinat-Dupré et du studio SFUMATO, plonge le visiteur dans l’atmosphère colorée et ludique de ses œuvres pour l’enfance, précise les nombreux titres de séries policières et de romans illustrés par l’auteur, et risque un détour vers les incontournables produits dérivés. Une visite réjouissante, un grand moment de détente.
Logé depuis 20 ans dans le prestigieux hôtel de Mora édifié vers 1750 en plein cœur historique de la ville, le Musée de l’Illustration, dirigé par Yasmine Laïb-Renard, a remplacé dans ce lieu une imprimerie, créant en quelque sorte un lien entre le patrimoine graphique et le patrimoine écrit. Lieu unique par l’importance et la diversité de son fonds de 10 000 œuvres originales, d’un rare bois gravé du XIXème siècle de Rodolf Töpffer aux planches d’auteurs célèbres qui ont un jour commis un ouvrage de jeunesse, de Niki de Saint-Phalle à Andy Warhol. L’institution revendique une triple mission : conservation et mise en valeur d’un art appliqué encore en manque de reconnaissance à travers un parcours permanent et des expositions, ainsi qu’une aide à la création avec notamment le grand Prix de l’Illustration et la mise en place de résidences d’artistes.
L’illustration jeunesse fait l’objet de recherches approfondies sur son histoire, ses codes et ses styles. Entre 1700 et 1900, les illustrations pour adultes et enfants se ressemblaient beaucoup. Gustave Doré illustrait de la même manière la Divine Comédie de Dante et les contes de Perrault. D’autres ouvrages délivraient un message moralisateur : le Struwwelpeter (Pierre l’Ébouriffé) effrayait les enfants pas sages et menteurs. Max und Moritz, les deux garnements du livre illustré en vers de l’artiste et poète Wilhelm Busch, prennent des raclées préventives ! C’est seulement au début du XXème siècle que de nouveaux courants pédagogiques décrètent que les jeunes enfants ont besoin d’images faciles à comprendre et de concepts adaptés à leur âge. Images graphiques, caricaturales, réalistes, abstraites, oniriques, et dialogues entre mots et images, doivent toujours être reconnaissables comme étant destinés à un jeune public.
Les premiers albums « modernes » sont devenus des ouvrages de collection : Drôles de bêtes en 1911 aux éditions Tolmer, Les 2 carrés en 1922d’El Lissitzki, témoignage des recherches esthétiques des avant-gardes soviétiques, les publications japonaises, et bien évidemment les albums du Père Castor, les Petits livres d’Or et les Maximonstres.
Signé par les spécialistes Anna Castagnoli et Loïc Boyer, et publié aux éditions Faton, un catalogue apporte un précieux éclairage sur la richesse de l’illustration jeunesse.
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