En ce mardi 27 décembre 2022, au Crématorium du Père-Lachaise, à Paris, la salle d’accueil de l’ultime hommage rendu à Gilbert Lascault était trop petite pour abriter les membres de sa famille et ses amis, tous émus et graves, et réunis en grand silence. Des visages connus ou non d’artistes de tous âges, des anonymes, et des collègues silencieux du monde de la radio ou de la critique d’art étaient là, se saluant dans le partage, l’amitié et les souvenirs…
Gilbert Lascault, né le 25 octobre 1934 à Strasbourg, est mort à Paris le 19 décembre 2022. Agrégé de philosophie à 26 ans, il entreprend une thèse sur le monstre dans l’art occidental, son cheval de haute bataille, et découvre l’art vivant de son temps en rencontrant Michaux et Dubuffet. Enseignant d’art, longtemps, à la Sorbonne, il devient très vite l’un des très grands critiques d’art de son temps. Homme de lettres plurielles et de radio vivante et décalée, il a longtemps hanté France Culture.
Il y a peu de temps encore, on voyait sa silhouette devenue frêle et fragile dans les hauts lieux d’exposition. Notre ami Gilbert Lascault, jamais inféodé aux puissances contemporaines, était un homme libre, pudique et humoureux. La critique d’art, son cheval de bataille, était son premier territoire de création, dans son paysage culturel ouvert et prodigieux.
Initialement calligraphe et graveur, il a beaucoup enseigné, et beaucoup écrit, des romans, des livres d’artistes (d’Alechinsky à Jacques Vimard), des essais, des monographies, et sa plume alerte et vive a nourri de nombreuses revues, d’Artension à La Quinzaine Littéraire, dont il était une plume majeure. Dans cette grande revue, c’était la première page que je lisais.
Naguère proche des surréalistes, il n’écrivait pas seulement sur les grands noms, et nombre d’artistes, plus ou moins connus, lui doivent parfois le meilleur texte écrit sur eux. Gilbert Lascault, pour beaucoup, était et sera un grand modèle d’écrivain d’art.
En Une : Gilbert Lascault ©La Halle Saint Pierre