Entre une “pure“ œuvre d’art et l’incalculable nombre de photographies prises chaque jour dans le monde, infinies sont les nuances et les ambiguïtés. Mais le dilemme n’a plus lieu d’être : la création photographique est un art à part entière. On pourrait même s’interroger sur la part grandissante de cet art récent dans la production contemporaine. Il n’est pas de semaine, en France, par exemple, sans qu’une manifestation consacrée à la création photographique ne soit programmée.
Galeries, salons et foires d’art consacrent la photographie. Les différences, naguère constatées entre peinture et photographie (voir l’exemple du Français Monch), entre art numérique et photographie, voire entre sculpture et photographie, (Van Lamsweerde) n’existent plus. Du pur maître plasticien (de Michel Kirch à Nathalie Savey) à la plus belle expressivité expressionniste (d’Olivier Mériel à Alexandre Anosov, qui a exposé à plusieurs reprises en France), du portrait somptueux (Yves Guccia) à la présence énigmatique (Hervé Robillard) le registre plastique ouvert par les créateurs photographes est sans limite.
Il apparaît même que la fluidité des procédés mis en œuvre par la photographie, multipliée par l’ère numérique, permette à court terme l’aventure de domaines encore inexplorés. Et dans un monde qui va trop vite, la photographie devient une mémoire implacable et vitale. Sans elle, pas de Land art, pas d’installations éphémères, et, surtout, pas de regards d’artistes sur la passante réalité vécue. Plus que tout autre forme d’art, la création photographique permet le partage…
La grande Galerie Palatisse, à Troyes, s’y colle avec grand bonheur. Outre les “résidents“ peintres et sculpteurs de la région (André Szulc, Daniel Chanson, Béatrice Tabah pour l’actuelle exposition, d’autres suivront lors de la prochaine mouture), les créateurs-photographes sont omniprésents, la photographie étant le thème choisi pour l’actuelle exposition (l’humour suivra). Certains sont champenois, comme l’incandescente Élisabeth Prouvost et ses corps de feu, éphémères et allusifs, Thierry Plumey et ses jeux d’humour et de hasard, Francis Goussard et ses subtiles photographies voyageuses, et le fort plasticien Patrick Guérin, qui transfigure la nature en entités fantasmées, étranges et fantastiques.
L’étonnant couple symbiotique Fermet&Faton vient de Lons-le-Saunier. L’une, Nathalie Faton, invente des scénarios complexes et secouants, l’autre, Jean-Paul Fermet les photographie à fond l’objectif scabreux, aigu et efficace. Art décalé, surprenant et drolatique.
Alexandre Anosov vient de Sibérie. Grand maître des chocs blancs-noirs et des gris somptueux, et dans une profondeur d’horizon rêveuse, l’artiste emplit son œuvre de la force des éléments premiers de la nature : roches, arbres, nuages. Imaginaire simple et nu comme la steppe et les eaux sombres et profondes du Baïkal.
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