Elsa Sahal

Sculpture et Céramique

Artiste confirmée, Elsa Sahal, née en 1975, incarne le renouveau de la céramique. Diplômée de l’École des Beaux-Arts de Paris, elle s’initie aux côtés du grand Jeanclos au modelage de la terre, puis fréquente l’atelier du sculpteur suédois Erik Dietman (1937-2002) qui lui enseigne que l’art peut mêler liberté d’expression et humour. Très remarqué, son travail est présenté en France et à l’étranger.

En ce printemps, Elsa Sahal bénéficie de deux expositions, une troisième va débuter au Musée des Beaux-Arts de Rennes, en résonance avec les collections permanentes.

A la Piscine de Roubaix, la série Pool Dance, en contrepoint de l’exposition “Rodin/ Bourdelle, Corps à Corps“, reprend la thématique du corps, élément essentiel et constant d’un riche parcours créatif. Les Dancers, au nom inspiré de l’ouvrage de la romancière féministe Monique Wittig, auteure des « Guérillères », s’enroulent autour d’une barre dans des poses sensuelles. Des noms de femme pour des corps hybrides, à la croisée de l’humain, du minéral et du végétal, mais aussi du féminin et du masculin, échappent à toute détermination normative. Elsa Sahal poursuit cet irrévérencieux hommage aux figures de la féminité décomplexée en installant au milieu du bassin de la Piscine “Fontaine“, une sculpture en grès émaillé de trois mètres de haut, sans visage ni tronc, entièrement rose clair, qui prodigue, en le faisant jaillir de sa vulve, un jet dru et continu. Totem provocateur érigé au milieu de la statuaire classique qui agrémente le pourtour du bassin. Dans les anciennes cabines de déshabillage, des corps morcelés, fragments de l’anatomie des deux sexes, formes érectiles, seins multiples, jambes, fesses, et touffes de poils, défient avec humour les prudes convenances et exaltent l’altérité, le bizarre et le différent, voire le monstrueux. Elsa Sahal bouscule avec effronterie idées reçues et clichés de genre et souligne les bienfaits d’une position amorale….

La Galerie parisienne Papillon, à l’occasion des 25 ans de création d’Elsa Sahal, réunit un ensemble d’œuvres récentes dans une spectaculaire mise en scène de la série des vases. “Les vases sont debout, les potiches ont attrapé des jambes“, titre insolite qui se veut d’abord réactif à l’idée répandue qui agace Elsa Sahal, et lui donne envie de fuir, à savoir que la céramique, « c’est de la poterie, c’est de la vaisselle », loisir artisanal pratiqué au féminin. Les vases en forme de femmes avec « des fleurs-seins à l’intérieur » sont des sculptures d’une créativité totale et originale, audacieuse et loufoque. Le matériau employé, la céramique, joue sur de nombreux registres ! Il se transforme, se prête aux états de changement de matière par l’épreuve du feu, et passe de l’organique au minéral. Elsa Sahal aime toucher la terre, la mouler, la tordre et la façonner. Elle aime construire en associant des formes qui dialoguent entre elles. Malléable, la terre autorise au fur et à mesure de l’acte créatif des réinterprétations de la forme imaginée, voire des improvisations. Posée enfin comme une peau, la couche d’émail apporte, brillante ou mate, la couleur qui change au gré des aléas de la cuisson. 

“Les vases sont debout, les potiches ont attrapé des jambes » est aussi le titre d’un ouvrage rétrospectif, agrémenté des commentaires de l’artiste sur les quelque 300 sculptures qui jalonnent son parcours.

Pool Dance – Jusqu’au 1^er juin 2025
La Piscine – Roubaix (59)
Galerie Papillon – Jusqu’au 17 mai 2025 – Paris 3ème

En Une : « Fontaine » – Piscine de Roubaix – ©Alain Leprince