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On en parle

Éternel Wolinski

Christian Noorbergen, le 16 septembre 2024

Spécialisée dans l’art de la bande dessinée, la Galerie Huberty & Breyne, présente à Paris et à Bruxelles, expose en forme d’hommage quelque 70 dessins du grand Wolinski, assassiné en 2015 avec ses amis de Charlie Hebdo. 

Formidable homme de presse, Georges Wolinski est un maître de l’impact graphique, toujours savoureux, transgressif, décapant, grinçant, solaire et jouissif. Au sommet de la dérision, voire de l’auto-dérision, royale attitude…

Wolinski – C’est pas sorcier

Si le féminin tout azimut est son premier territoire de création, via des joyeusetés joliment sexualisées, l’ampleur de son registre impressionne. De l’art « comptant pour rien » aux grands ciblages politiques, des mœurs du temps jusqu’aux affres écologiques, rien n’échappe à son trait assassin et corrosif.  Son humour féroce, libertaire et sans limite « convenable », poserait sans doute aujourd’hui quelque problème aux fanatiques de la censure. 

Wolinski – Le Portrait

Wolinski, que je regarde depuis 50 ans, dessine à vif et à chaud. Son trait acéré se passe de tout décor. Chaque dessin impose une scénographie dépouillée, le plus souvent royalement dénudée, qui se moque clairement du cliché initial utilisé comme point de départ. Le grand Georges (qui sait aussi écrire) impose, au-delà de l’aveuglante clarté du dessin, un deuxième, voire un troisième degré de lecture. Au fond, il dénonce toute vulgarité attendue, voire espérée, en la dépassant joyeusement, tout en se jouant de la morale toute faite, écrasée de bienséance et d’hypocrisie. 

Wolinski – À qui appartiennent les jambes

Chez lui, son dessin aventureux va toujours au-delà de l’ordinaire et facile provocation. Comme son ami Willem, toujours en création, il provoque la provocation. Il en joue. Il a le coffre pour cela. Et l’énormité du rire intérieur inspiré, un rien rabelaisien, fait un bien fou aux platitudes des conventions médiatiques. Mais sous l’incisive et décisive cruauté du trait, couve à jamais une secrète tendresse pour toute l’humanité vivante.

Wolinski – À l’eau

Les trois filles de Wolinski, Elsa, Frédérica et Natacha, ont grandement participé à l’élaboration de cette dense exposition, avec l’aide amicale et très professionnelle des responsables de la galerie.

Jusqu’au 26 octobre 2024
Galerie Huberty & Breyne – Paris 8ème

En Une : Portrait Wolinski