D’autres expositions avaient bien eu lieu au cours du siècle, mais celle de 1900, date charnière entre deux siècles, entre rétrospective du XIXème siècle et avènement d’un monde nouveau, déploie une envergure encore jamais vue, qui a impressionné le monde entier. 120 ha au centre de Paris le long de la Seine, 109 pavillons nationaux, 21 pavillons des colonies et protectorats français, des pavillons thématiques, des constructions éphémères, parfois monumentales, des restaurants et lieux de réjouissance, cet immense décor de théâtre planté dans un environnement paysager aura accueilli quelque 51 millions de visiteurs internationaux !
L’exposition du musée Dini présente quelque 170 œuvres, sculptures, peintures, gravures, objets décoratifs, affiches, photographies, issus de prêts des grandes collections publiques, mais aussi du riche fonds du musée. La scénographie, une salle centrale ouvrant sur différentes sections, met en évidence le caractère officiel de l’Exposition avec une photo du président Emile Loubet et la présentation du lourd recueil des 45 905 récompenses décernées, la « Liste des récompenses. Exposition universelle de 1900, à Paris », inventaire officiel exhaustif sur lequel s’est appuyé Dominique Lobstein, historien de l’art, pour signaler les industriels et artistes régionaux présents à cette manifestation. Textiles, soierie lyonnaise, rubanerie stéphanoise, coutellerie, horlogerie, orfèvrerie, lutherie, armes et cycles sont représentés et se voient attribuer de nombreuses médailles, favorables à leur essor international. Savoir-faire traditionnels face au progrès technologique glorieusement incarné par le « Palais de l’Électricité » d’Eugène Hénard.
Les Beaux-Arts ont aussi leur place, cœur battant du musée, proches des courants naturalistes et symbolistes de l’époque, affichant souvent l’attachement à la nature et au paysage. On note cependant quelques velléités de représentation de la misère sociale, à travers par exemple les tableaux de Louis Deschamps, « La Charité » et « Folle », qui abordent le thème de la pauvreté et du désarroi qui touchent enfants et femmes.
La grande Exposition, cette « ville dans la ville » a été immortalisée grâce aux progrès de la Photographie, formidable nouveau média. Professionnels et amateurs, certains disposant des nouveaux appareils tenus à la main, ont ainsi laissé des photos regardées maintenant comme documents d’archive. Le cinématographe géant des frères Lumière s’installe dans la galerie des machines et propose des projections gratuites sur écran géant amovible, que découvriront près d’un million et demi de visiteurs curieux !
Très beau catalogue, avec des contributions de Sylvie Carlier, conservatrice en chef du Musée, de Marion Ménard directrice adjointe, et de Dominique Lobstein, historien de l’art.
Jusqu’au 12 février 2023 – Musée municipal Paul Dini –
Villefranche-sur-Saône (69)
En Une : Félix Thiollier – Vue de face du château d’eau en construction – 1900 – Négatif photographique sur plaque de verre – 9×12 cm – Collection particulière NS.Th – ©Musée municipal Paul-Dini de Villefranche-sur-Saône
