Du 19 septembre 2014 au 30 octobre 2014
À retrouver à ESPACE EQART
21 rue Henri Laignoux - 32230 Marciac –
FRANCE
www.eqart.fr
+33 (0)5 62 09 36 83
Iris MIRANDA
ESPACE EQART
Du 19 septembre au 30 octobre 2014
MARCIAC (32)
« Histoire naturelles » de Iris MIRANDA
Le masque du papillon
Ne pas perdre le souvenir des jours d’enfance. Conserver comme un trésor la morsure des herbes qui fouettent les mollets de ceux qui ne ratent jamais un rendez-vous avec l’aventure. Surtout ne jamais croire le monde des adultes sans aller d’abord demander leur avis aux escargots, aux oiseaux, aux fleurs….
Qu’Iris Miranda soit une artiste ne relève pas du hasard tant elle a baigné dans le monde de l’art depuis sa naissance. Si elle est devenue graveuse pour ne pas oublier les mondes de son enfance – les faire revivre – cela, nous n’en saurons rien. La dame est discrète et ne gaspille pas ses mots, mais il semble pourtant que quelque chose en elle n’en a pas terminé avec l’enfance…
Un peu femme, un peu chenille, elle avance, doucement, mais avec une farouche détermination – un peu têtue peut-être – vers son « univers de possibles » et creuse, grave la matière, se soumettant de bonne grâce aux gestes répétitifs que lui impose son art autant qu’elle le domine.
Allons à la rencontre de ce drôle d’univers.
L’atelier est perdu dans la campagne et la maison s’appelle « Las Grave s », pas fait exprès mais pouvait-il en être autrement ? Des plaques de bois gravé au murs, des dessins, des animaux séchés sur les étagères et, au milieu de l’atelier, celle qui en est la véritable reine, une ancienne et magnifique presse. Elle est aussi le magistral navire qu’Iris Miranda, en capitaine expérimenté, pilote, habitée par le silence des lieux, curieuse de découvrir sans cesse de nouveaux mondes.
Précision du trait dans les bois gravés qui mettent en scène de manière assez expressionniste des êtres en totale promiscuité, bestioles poilues qui semblent un peu perdues sur leur petit carré de papier « fait maison », scènes surréalistes où le dialogue semble bien compliqué et la quête d’identité omniprésente, corps nébuleux aux somptueuses couleurs, tout en transparence… bois gravé, pointe sèche, eau-forte ou monotype, chacune de ces techniques produit ses effets et génère un monde singulier.
La gravure est un art exigeant et difficile qu’Iris Miranda maîtrise à l’évidence parfaitement. Insatiable pionnière, elle cherche à travers ses expériences à découvrir d’autres formes de travail que celles qui ont forgé son savoir et, guidée par la matière, fait apparaître autant de mondes que son inspiration lui commande, où la faune et la flore cohabitent, se mélangent, se regardent.
Son art est comme un rébus qui ne peut jamais se résoudre tant les règles semblent s’inventer au gré des acteurs qui entrent sur la scène de papier. L’artiste n’apporte jamais de réponses, nous suggérant plutôt de l’accompagner dans ses questionnements qui s’incarnent notamment à travers les thèmes récurrents du reflet, du double ou du masque.
Iris Miranda joue à cache-cache avec nos sens, apparaissant ici, ne dormant que d’un oeil dans les plis utérins d’une nature figée, en compagnie d’une soeur jumelle, là, un chat sur la tête, ailleurs avec un corps d’oiseau… Comme s’il ne fallait surtout rien révéler, ne jamais se montrer, comme si le risque était trop grand pour cette éternelle enfant de se voir subitement changée en adulte.
Art du paradoxe, l’oeuvre d’Iris Miranda est une fable qui nous raconte des histoires de petites filles qui ne chaussent pas les souliers de leur mère pour jouer à la grande, leur préférant des bottes de sept lieues pour courir la campagne mais nous conte également la tragédie dérisoire d’une chenille qui ne peut se regarder dans le miroir de la vie qu’affublée d’un masque de papillon.
Iris MIRANDA
Née en 1979 à Grasse, d’une famille de paysans et d’artistes, Iris Miranda a côtoyé durant ses jeunes années les influences conjointes et déterminantes de sa parenté créative et terrienne, les ateliers d’artistes de ses oncles et tantes et la nature très présente dans la ferme de ses parents, d’abord en Bourgogne puis en Lot-et-Garonne.
Une enfance en liberté, des journées entières passées dans les bois et les prés, une curiosité sans borne pour la nature, scrutant les détails des trésors rencontrés, la structure d’un végétal, d’une coquille d’escargot ou d’un fragment d’os, les feuilles en décomposition…on ne connaît jamais l’ennui quand on est absorbé par cette grande envie de tout observer jusque dans les moindres détails …
Son oeil scrutateur et son désir de création l’ont aussi depuis longtemps conduite vers l’estampe ; enfant, ce sont les planches des livres de Sciences Naturelles de la bibliothèque parentale qui l’émerveillaient, et c’est ce qui, plus tard, l’a orientée vers le choix d’une école d’Art qui offrait un cursus spécialisé en gravure, l’école de La Cambre à Bruxelles qui lui remet son diplôme en 2004.
Depuis, la gravure reste son médium de prédilection et elle explore avec bonheur les différentes contraintes offertes par chaque matériau gravé : la taille-douce, pointe sèche, eau forte et aquatinte, qui répond à ce désir de représenter avec des détails précis, des textures minutieuses ; le bois gravé, qui offre des contrastes bruts et incite à aller à l’essentiel ; et le monotype qui permet d’envisager l’estampe de façon plus picturale en explorant la richesse des superpositions de couleurs.
L’homme, l’animal, la nature sont les thèmes imbriqués et récurrents qu’elle travaille; mais il n’est pas seulement question de description minutieuse du monde tel qu’il est.
On trouve dans son travail des associations inhabituelles, parfois troublantes, il y a toujours un pas de côté, une ouverture aux possibles de l’imaginaire et à d’énigmatiques relations entre les êtres vivants.
Dans ses images se mêlent les réminiscence d’un univers enfantin foisonnant où il est possible de tisser des liens avec le vivant qui nous entoure, et la part plus trouble de l’humain questionnant sa présence au monde.
Parallèlement à son activité d’artiste, Iris Miranda