Du 17 mai 2014 au 29 juin 2014
À retrouver à GALERIE DANIELLE BOURDETTE-GORZKOWSKI
5 quai Saint Etienne
14600 Honfleur
France
http://galeriedaniellebourdette.com
+33 (0)2 31 89 19 13
RUEL – JUSIONYTE – ROCHER
GALERIE DANIELLE BOURDETTE-GORZKOWSKIGALERIE DANIELLE BOURDETTE-GORZKOWSKI
Du 17 mai au 29 juin 2014
HONFLEUR (14)
Ruta JUSIONYTE – Jean Pierre RUEL
Hommage à Maurice ROCHER (1919-1995)
Ruta JUSIONYTE
Ruta Jusionyte est une jeune artiste, lituanienne, venue en France à l’aube du XXIème siècle pour y vivre et y travailler. « La culture a été rayée, détruite pendant l’occupation russe, et même le savoir-vivre. Cinquante ans d’occupation et de privation, ça compte. A la libération, on s’est aperçu qu’on était des sauvages sans le minimum de culture pour vivre le quotidien. Mais moi, je sentais une culture profonde, enfouie, une culture souterraine. Quelques artistes lituaniens ont compris cela et n’ont pas peur du ridicule, de l’absurde et de la crise comme ils n’avaient pas peur d’attaquer l’envahisseur russe par la métaphore et les messages de leur art. Exprimer, c’est aussi laisser émerger ce monde de la métaphore, un monde archaïque en moi, mais j’ai peur que ce ne soit pas accepté ici. Pourtant, mon seul héritage, c’est ma culture lituanienne qu’il m’est nécessaire d’exprimer ; et mon outil d’expression, c’est la métaphore qui détourne les situations pour arriver au but. » Après avoir longuement, et profondément, exprimé les points obscurs de l’histoire et de la condition humaine, Ruta cherche à puiser dans ses œuvres nouvelles une énergie vitale comme un nouveau soleil. L’heure est arrivée pour Ruta Jusionyte d’une renaissance achevée. Purgée de ses blessures anciennes désormais, de son douloureux héritage, la métamorphose s’amorce, la libération est en marche. Les êtres de terre de Ruta Jusionyte nous semblent être moins dans la tristesse, ils entrent dans une expression plus adoucie, plus joyeuse, une expression où s’affirme la vie. Son œuvre semble désormais plus apaisée, allégée.
Jean Pierre RUEL
Si comme le prétendent certains esthètes et théoriciens, l’art contemporain doit rendre compte des tares et phénomènes qui marquent notre société, ce ne sera pas la voie qu’aura choisi le peintre Jean Pierre Ruel. Le travail de Jean-Pierre Ruel n’est pas acte de sociologue ni de théoricien d’une démarche philosophique quelconque. Il est pure poésie, prétexte à rêver, proposition d’égarement que le spectateur complice doit saisir pour s’embarquer. Les règles qui organisent ses compositions si libres sont cependant rigoureuses. L’exigence harmonique, la sensualité naturelle qui se dégagent de ses tableaux sont le fruit d’une maîtrise absolue. La peinture de Jean-Pierre Ruel s’offre aux sens, enracinée dans la matière, elle sent la terre. Elle s’en extirpe par un geste puissant, spontané. « Je souhaite donner un certain climat plus qu’une image précise, créer un sentiment global. Parfois cependant il m’arrive de vouloir être plus précis, plus narratif peut-être, mais en cours de route cette précision initiale se perd, et au final, c’est différent de ce que je j’avais pré-senti ou pré-vu… et c’est souvent mieux. En fait, c’est l’aventure dans chaque toile… »
Hommage à Maurice ROCHER (1918-1995)
Né en 1918, Maurice Rocher peintre expressionniste, mort il y a bientôt vingt ans fut d’abord un peintre religieux. La perte de la foi déclencha en lui une révolution picturale, et la majorité de ses tableaux furent désormais des portraits de femmes, à la sensualité violente et généreuse. La touche y est large, empâtée, impulsive, on ressent concrètement devant la toile la joie de peindre, la gestuelle du peintre. Contrairement aux tableaux religieux, plus sombres, la couleur ici resplendit, l’énergie du rouge envahit tout. La vue du bonheur ne lui a jamais donné le désir de peindre, alors que, depuis toujours, un visage d’homme douloureux créait en lui le besoin d’exprimer son émotion. Les visages de ses « Pieta» ou de ses couples de 1950, ne sont pas tellement différents de ses « hommes et femmes » des années 70-80, si ce n’est qu’une certaine violence a fait place à la sérénité des premiers, et qu’après avoir peint pendant vingt cinq ans avec des bruns, l’intrusion violente et quasi-totale des rouges en 1965, a tout bousculé. Il a toujours peint des églises, plutôt que des paysages de montagne, de prairies ou de rivières qui ne l’inspiraient pas. Dans sa vie, la femme a été une obsession. Dans les moments où il avait tous les éléments pour être heureux, la Femme mythique s’est toujours interposée. C’était la femme de chair qu’il rencontrait en allant dans la rue, elle s’interposait, comme un écran. Maurice Rocher a toujours peint dans la même démarche expressionniste, avec le visage de l’homme comme dénominateur commun. « Je n’ai jamais peint que le dedans des choses, leur face cachée. Il y a similitude entre mes façades d’Eglises et mes visages, tous pétris de la même chair, tous issus de ce même combat entre chair et esprit, on y déchiffre le même témoignage, les mêmes tensions lourdes, la même détresse. »