La Piscine de Roubaix et le Musée Estrine de Saint-Rémy-de-Provence organisent une présentation très complète de l’œuvre rare de Georges Arditi (1914-2012). Cette grande et complète rétrospective soutenue par les célèbres enfants de l’artiste, Pierre et Catherine, et les membres de cette grande famille d’artistes, rend hommage à un artiste singulier injustement peu connu, et exposé pour la dernière fois en 1990 au Musée de la Poste. Les deux expositions confirment l’injustice de cette absence et redonnent enfin à l’œuvre tout son éclat.
En introduction de l’exposition de Roubaix, “La Route“, œuvre volée à l’artiste lors de la mise sous séquestre des “biens juifs” en 1942, rappelle certains douloureux épisodes de la vie de la famille sous l’Occupation : disparitions, perte de la nationalité française, spoliations, précarité, impossibilité d’exposer.
La Piscine s’enorgueillit de détenir dans ses collections “la Nature morte à lanappe blanche” (1948), œuvre discrète, intime, à l’image de l’artiste, et de certains “peintres de la Réalité”, qui puisent leur inspiration dans la peinture du XVIIème siècle. Dans la très belle huile sur toile, “Les joueurs de cartes” (1945), la référence à Louis le Nain semble évidente. Tout comme les nombreuses natures mortes, certaines signées du nom d’emprunt Guéret, qui rappellent les grands Maîtres. La relecture personnelle, par Georges Arditi, creuse le sillon du destin de l’artiste. Les portraits sont très présents, ceux d’Yvonne et des enfants du couple, dont un saisissant autoportrait, “Jeune homme“, tous marquent une réalité secrète puisée dans l’intime.
Dans une seconde séquence, l’autoportrait de l’artiste, sous les traits d’un “Oiseleur“, est plus inquiétant. Paysage d’hiver, visage angoissé tourné vers le regardeur, oiseaux enfermés dans une cage, tandis que des oiseaux de proie sont perchés sur le tronc d’arbre hissé sur l’épaule du personnage.
Les thèmes inspirés de la vie des milieux populaires,”le Repas paysan” ou “laBoucherie“, soulignent, dans l’après-guerre, la proximité avec le parti communiste et le monde du travail. Les mains du boucher, démesurément grandes, suggèrent un lien artiste-artisan.
Une nouvelle évolution marque les années suivantes. “Le Nu au violet“, composition abstraite sur fond d’assemblage géométrique, les vues urbaines, les paysages industriels des années cinquante, une vue décomposée de l’atelier, tout cela porte la marque d’un cubisme subtil.
Pour s’imprégner vraiment de l’œuvre, il faut aller à Roubaix et à Saint-Rémy-de-Provence, où l’accent sera mis sur la production abstraite des années 1958 à 1973. Beau catalogue préfacé par les commissaires Bruno Gaudichon (directeur de la Piscine) et Elisa Farran (directrice du musée Estrine).
Jusqu’au 7 janvier 2024 La Piscine-Musée d’Art et d’Industrie André Diligent – Roubaix (59)
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