Transmetteur chamanique, Guy Ferrer dit les chemins d’âme oubliée de la modernité, et les élans piégés des racines de la vie mentale. Œuvre en crue, riche de sécrétions secrètes et de matières fragile, créée à grands traits de cultures fracassées, et jetée sur une frêle surface toujours évidée… Un amour indifférencié traverse ses créations totémiques, une naïveté stupéfiée, un étonnement sans limites. Émerveillement d’être, en faisant apparaître…. Œuvre de formidable santé.
Chez Guy Ferrer, l’inaccompli de l’art maintient intacte la charge hétérogène des puissances imaginantes. Il ne cherche pas à tout die, il n’en dit jamais trop, seulement les prémisses de l’essentiel. Le chaos archaïque veille, passeport de toujours, de partout et d’ailleurs. Art vibratile et décanté stigmatisant la révolte contre l’acquis, le confortable et le ressassé. Altérité signée, dans le surgissement des hauts-fonds du mental. “Co-incidences“ d’art bien vécu, et vécu du dedans.
Il garde à vif l’intime du contact avec les forces vitales qui se partagent l’univers. Celles que la modernité a évacuées, et qui ressurgissent hélas en pathos incontrôlé. Les puissances convoquées doivent répondre aux appels de l’artisan-magicien. Art d’appel et de pouvoir. Cet art, possesseur de vie, fut. En lui et par lui, la nature cachée et les esprits des lointains, rêvaient à vie haute. Ce furent voix de vents et d’ancêtres, charmes d’esprits, et fabuleuses empreintes d’univers. Art d’incantation et de dialogue : appeler, être appelé.
Venant à bout de son individualité, Guy Ferrer retrouve la puissance d’impact des arts d’origine. Ils lui servent d’assise et de grand véhicule. Il laisse vivre ainsi le mystère et lui donne place première dans l’insondable qui envoûte l’espace de ses peintures, de ses dessins et de ses sculptures. Arrière-langage, pour partir de loin, en traces directes… “Toute réponse n’est qu’un infime soulèvement du voile immense qui recouvre ce qui est. Peinture et sculpture sont mes outils de connaissance, mes appels à la révélation. Ce sont mes prières…” (Guy Ferrer).
Jusqu’au 4 mai 2024
Galerie GNG, Galerie Le Toit du Monde, Galerie Mingei – Paris 6ème
En Une : Pantomime – 2015 – 195×130 cm- © MAH Rigaud-P Marchesan
