Quand l’acier inoxydable devient étoffe
Sculpter l’acier inoxydable, tel est le pari insensé que s’est lancé JC Thorez voilà plus de 10 ans ! Natif du Nord de la France, l’artiste s’intéresse d’abord à l’exercice du recyclage, réinventant les objets du quotidien pour mieux les détourner de leur fonction première, fusse-t-elle industrielle ou mécanique. Naissent alors autant d’objets aussi esthétiques que fonctionnels, luminaires, mobilier, accessoires de salle de bain, plantes éternelles ou encore bijoux fantaisie.
En 2012, la machine agro-alimentaire, au cœur de son labeur, soudain se disloque et accouche d’une pièce non conventionnelle dont le « drapé métallique » l’interpelle. S’impose à lui dès ce jour la création de non-objets, et à ce titre ses premiers No-reillers. Ces coussins tout de métal constitués, savamment froissés, célèbrent l’un des piliers de l’industrie régionale, le textile ! La dualité est ici de mise : comment un matériau caractérisé de prime abord par sa froideur chirurgicale aseptisée et rigide peut-il soudain donner une telle impression de légèreté, de confort douillet et paraître si accueillant ?
Peu à peu, l’artiste laisse libre cours à ses émotions et nous embarque dans son univers. La trace imprimée dans la rondeur et le moelleux d’un coussin prend les traits d’un visage fugace ou témoigne d’un corps à l’abandon, s’offrant à des nuits étoilées où scintillent rêves et fantasmes…Tel un orfèvre, tout à la fois force et délicatesse, JC Thorez travaille à la limite de la déchirure de la tôle, limite que parfois il franchit pour permettre à son travail d’évoluer, encore et toujours.
Il met son savoir-faire au service d’une implacable rigueur technique qu’il sait nous faire oublier en nous offrant des œuvres poétiques aux multiples lectures. Véritables mises en abîme, ses sculptures miroitent la lumière et se jouent des reflets du vivant pour mieux dialoguer avec leur environnement. Ses monolithes monumentaux nous avaient particulièrement séduits lors de la dernière édition d’Art Up Lille sur le stand de Martine Ehmer. La galerie bruxelloise renouvellera d’ailleurs sa présence du 12 au 16 mars 2025 prochain. Par ailleurs, sa collaboration avec Outsiders Galerie lui permet d’être présenté de façon permanente à Rouen depuis mai 2024 et Pacy-sur-Eure à compter de cette rentrée. Quant à la Xin Art Galerie de l’Île de Ré, elle a fait voyager ses œuvres aux reflets infinis en octobre et novembre derniers à Affordable Art Fair Stockholm et Amsterdam.
C’est aujourd’hui à Lille, dans la superbe Maison d’Art Louis Dimension, que ses No-reillers côtoient les œuvres de Sabine Blanchard, Dany Mayer ou Régis Cotentin, sans oublier de tutoyer avec élégance et raffinement les céramiques divinement organiques de Juliette Clovis parée de miroirs d’écailles. Une exposition à découvrir par-delà les fêtes et néanmoins sans tarder !
En Une : No-reiller – Inox poli miroir couleur noir, bords couleur inox mat, peinture rouge sang – 2023 – 60x60x16 cm – Pièce unique
