Jean-Baptiste Dumont est célébré en solo show pour ce mois d’octobre chez sa galeriste depuis de nombreuses années, Cécile Van Bockstael. “Je voulais beaucoup de douceur pour cette exposition”. Pari tenu, la Melting Art Gallery nous offre pour sa rentrée un océan de tendresse voué à contrer l’énervement et la vitesse d’une société qui nous dépasse où la colère bouillonne chez l’Homme, un monde vertigineux parfois hostile, pour ne pas dire violent.
Jean-Baptiste Dumont, résolument attaché à cet univers féminin qui est le sien, explore ici de nouveaux sujets variant techniques et matériaux. Inspirée par un été qu’elle prolonge avec ses nuances marines, sa peinture se pare de bleu profond et dévoile des figures féminines en maillot qui scrutent l’horizon, petits corps serrés frissonnants à la sortie des eaux froides de la Manche. Notre artiste calaisien, amoureux du bord de mer qu’il peint par ellipses, en eut l’inspiration en chinant dans une brocante ce vieux vinyle “Les vacances au bord de la mer”, célébrées avec mélancolie par Michel Jonasz. “Et on regardait les bateaux… ” nous content ces maillots en contemplation !
Autre anecdote en confidence, en chemin vers son deuxième atelier hébergé dans une friche des anciens Beaux-Arts, l’artiste longe le conservatoire. Une itinérance qui donne à entrevoir des petits bras tendus vers le ciel, des têtes sautillantes aux chignons perchés, un aperçu de l’univers de la danse et des petits rats qui lui inspire ce nouveau sujet, le tutu ! Florilège de grâce empreinte de délicatesse, ses figures féminines au port altier sont toujours peintes de dos, “une certaine façon de me cacher”, précise-t-il. Quant au bouillonnement froufroutant du tulle, il n’est point sans rappeler l’amour de l’artiste pour le tissu, les étoffes. Calais a toujours été une place forte et convoitée, mais c’est aussi le fief de la dentelle et un musée lui est dédié, un lieu inspirant pour Jean-Baptiste Dumont également influencé par sa compagne, couturière et créatrice textile.
De ses derniers mois de travail naissent des huiles sur toile ou sur papier. La toile alliée au châssis impose ses lettres de noblesse, forçant le respect et l’attention car “il faut en prendre soin”. Le papier quant à lui oppose une dureté intéressante, lui que l’on peut bousculer, malmener voire maltraiter, propice à l’expérimentation dans l’immédiateté. Dans “L’épaule”, deux complices esquissées en quelques coups de pinceaux chuchotent leurs petits secrets sur une vieille toile montée à l’envers et piquetée de ci de là, victime des morsures du temps. L’ensemble rappelle le dessin cher à l’artiste qui se régale du mot “gribouillage”, dessin instantané qu’il faut débarbouiller de sa connotation péjorative tout en gardant la spontanéité et la fraîcheur de l’enfance qui lui est associée. Sur cette autre toile, c’est une femme de trois quart, enchemisée de blanc sur un fond bleu violet magnétique ponctué de touches roses. La couleur est présente, forte et lumineuse.
Jean-Baptiste aime les histoires qu’il inscrit dans la continuité de son travail, rassemblant les thèmes qui lui sont chers et ponctuent son parcours. Il nous offre toujours des nuques et des coiffes, des cheveux nattés ou en chignons défaits, des dos et des épaules plus ou moins voilés de textile, des chemises entrouvertes ou s’envolant par-dessus des corps tout en lutte et contorsions pour s’en déshabiller. Mais soudain, le tissu disparaît. : “J’enlève tout !”proclame l’artiste, et la nudité fut !
D’autres œuvres encore s’inscrivent dans les “tableaux pas finis” comme Jean-Baptiste les nomme. Ce sont ceux qu’il laisse de côté pour les reprendre plus tard mais toutefois ne permettent pas de retouches quand il envisage d’y retravailler, “ces tableaux qui se finissent tout seuls”. Ainsi “Le silence”, œuvre préférée de l’artiste autant que de sa galeriste, dévoile des couleurs d’une douceur naturelle infinie. Cheveux lâchés, une silhouette féminine décentrée, entachée d’un jus, semble prête à basculer. Par-delà une Invitation à la méditation et à la rêverie, cette toile pousse à la fuite, le temps se fige. “Ce tableau, il y a tout dessus”, ajoute l’artiste, rêveur. “Il me fait du bien !”. A nous également, ai-je envie d’ajouter !
Poésie et apaisement sont les maîtres-mots de cette magnifique exposition, l’été se prolonge à l’avènement des feuilles rousses. Ô temps suspend ton vol et transporte nous au pays de la grâce et de la beauté, où les émotions jamais ne pourront être supplantées par la ruse de cette intelligence dite des “artifices”.
En Une : Sur chevalet – Le détour – Huile sur toile – 80×60 cm
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