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On en parle

Joseph Bernard « De pierre et de volupté »

Chantal Vérin, le 6 novembre 2020

Si les sculptures de Joseph Bernard (1866-1931) consacrées au corps féminin, indéniablement fines, douces et élégantes, emportent à juste titre l’adhésion du grand public, les pièces plus dures, empruntées le plus souvent à la mythologie grecque ou chrétienne, paraissent aujourd’hui plus fortes et plus convaincantes.

La tendresse – MBALyon – ©Alain Basset

Cruelle, l’histoire de l’art et la modernité ont quasi oublié Joseph Bernard. Il n’est pas malvenu de prendre conscience de la qualité globale d’une création où dessins, encres et aquarelles accompagnent très positivement les sculptures.

L’exposition monographique du Musée Paul-Dini de Villefranche-sur-Saône montre un ensemble important – une centaine d’œuvres – de celui qui fut à son époque considéré comme l’égal de Bourdelle et de Maillol. Insatiables collectionneurs, encore et toujours en quête du patrimoine artistique régional, M. et Mme Dini ont fait d’importantes donations au Musée de leur ville, sis en deux lieux, dont une historique halle aux grains. Le musée, en partenariat avec la Piscine de Roubaix et la Fondation Coubertin de Saint-Rémy-les-Chevreuses, accueille tout naturellement l’enfant du pays, Joseph Bernard.

La pureté – collection particulière – ©Martial Couderette

Fils d’un tailleur de pierres, son travail est lié au terme de « taille directe », naguère signe d’authenticité, qui souligne le contraste entre des zones finies et d’autres ébauchées. Remarquables sont les têtes, Chanteuse, Sérénité ou Buste de jeune fille. Maîtrise d’ensemble assurée et affirmation, sous l’allure réaliste, de tendances subtilement abstraites.

Femme chantant – collection particulière Fondation Coubertin – ©Alain Leprince

Le Monument à Michel Servet, médecin et théologien du XVIème siècle, victime de l’intolérance religieuse, est une pièce puissante, quasi expressionniste, tant par sa force symbolique que par le contexte de sa création. Créé sous la IIIème République en plein contexte de laïcisation du pays, il est toujours en place à Vienne (Isère).

Plus fluides et graciles sont les sculptures de jeunes couples tendrement enlacés, ou de la Jeune fille à la cruche à la silhouette svelte et pure, sans oublier l’important corpus consacré à la danse. 

Jeune fille à la cruche – MBALyon ©Alain Basset

De nombreuses études, esquisses, créations graphiques agrémentent et aèrent le parcours. Beau catalogue.

De pierre et de volupté“ – Jusqu’au 21 février 2021
Musée municipal Paul-Dini – Villefranche-sur-Saône (69)