De juillet à fin septembre 2023, en Arles, la photographie s’invite en de nombreux lieux de la ville. En parallèle des incontournables « Rencontres de la Photographie », le Musée municipal des Beaux-Arts et d’art contemporain, le Musée Réattu, s’associe à l’événement avec l’exposition de photographies :« Portraits, la collection Florence et Damien Bachelot « .
Collection unique par son importance (près de 10 000 œuvres), son originalité et la qualité recherchée des tirages. Collection du début du vingtième siècle à nos jours, à caractère humaniste, ouverte, documentaire et sociale.
Les commissaires des « Portraits« , Andy Neyrotti et Françoise Docquiert, mènent une expérience inédite en faisant dialoguer pour la première fois une collection privée avec les œuvres du fonds muséal, riche de 7000 œuvres du XIVème siècle à nos jours et d’un patrimoine photographique au sein d’une Section d’Art Photographique initiée en 1965 par Julien Clergue.
Le thème du portrait constitue « une des pierres angulaires de la collection, avec des images qui sont le reflet de situations humaines« , dit Damien Bachelot. Le parcours de l’exposition s’ouvre sur le regard pénétrant du « Young Boy » de Paul Strand, par ailleurs généreux donateur de plusieurs épreuves, et fait face à l’autoportrait de Jacques Réattu, œuvre centrale du musée. Dans son ancien atelier, des danseurs photographiés par Ann Ray (homonymie assumée) se mêlent à des compositions mythologiques du peintre, et font face à Prométhée ou Jacob endormi.
Les nus féminins de Saul Leiter, photographiés à travers un troublant filtre orangé, font écho à « Bethsabée à sa toilette« . Très impressionnant regard photographique de Laurence Leblanc sur les figurines d’argile de la taille d’un pouce du petit théâtre animé incarnant le génocide cambodgien. Minuscules, elles affrontent un Christ du XIVème siècle et « Le Griffu » de Germaine Richier.
Présence de Picasso, photographié en famille avec Cocteau, comme un rappel de sa générosité envers le musée.
Après la traversée des collections permanentes, on s’immerge dans la salle des icônes, emplie d’œuvres d’anthologie, d’Edouard Boubat à Willy Ronis, et de portraits d’artistes, de Joseph Beuys à Igor Stravinski. Une belle place est réservée à des artistes contemporains, tels Mohamed Bourouissa ou Laura Henno…
Dans la chapelle construite au XVIème siècle, qui garde le souvenir du passage des chevaliers de l’Ordre de Malte, la fresque photographique convoque l’univers de la peinture : un portrait de Daniela van Zadelhoff en regard d’un tableau du Siècle d’or, un polyptique christique de Luc Delahaye, une photo de Nan Goldin jouent au jeu des similitudes avec la peinture, et semblent ouvrir le débat sur la « supériorité » d’un médium sur un autre.
Beau catalogue.
Jusqu’au 1er octobre 2023
Musée des Beaux-Arts – Arles (13)
En Une : Ann Ray – Mystères – 2015 – Impression lith – Collection Florence et Damien Bachelot
