La Friche de l’Escalette, à l’orée du Parc national des Calanques de Marseille, offre à la visite les vestiges d’un patrimoine industriel transformé en étonnant lieu culturel. Outre un parcours permanent de sculptures, de belles expositions et diverses manifestations conviviales ponctuent chaque année la vie du lieu. Pour sa huitième saison, sous le titre “Angles de vision”, la Friche expose en partenariat avec la galerie 54 d’Éric Touchaleaume, trois artistes à la personnalité marquante.
Les attachantes et impressionnantes ruines de l’ancienne usine de traitement de plomb sont faites de pans de mur partiellement effondrés, percés d’arcades et d’oculus, de colonnades,cheminées, tunnels et anciens fours bâtis en pierre et en brique, le tout colonisé par une végétation renaissante après les travaux de dépollution. Une romantique déambulation le long d’un chemin escarpé, l’escaleto, permet de découvrir les œuvres in situ.
Le céramiste Jean Amado (1922-1995), inventeur du “Cérastone”, mélange de ciment et de sable, a créé d’étranges murailles ruiniformes de couleur ocre rouge, assemblage de moellons irréguliers parfaitement ajustés, selon une mystérieuse organisation. Architecture surgissante, comme dans le fameux tableau de Böcklin, l’Ile aux morts. Quatre étonnantes sculptures de ce type émaillent le parcours.
De François Stahly (1911-2006), deux œuvres inédites : Labyrinthe, installationland art créée en 1963, constituée de 83 petites stèles de pierre grise disposées sous un grand pin, et “Théâtre en plein air“, maquette de petits éléments en bronze posés à même le sol. Tout à côté, se dresse un ensemble sculptural en bois de chêne, “l’Été de la forêt“, dont le matériau évolue avec le temps. Cette “forêt sacrée propice à la méditation”, selon les mots de son auteur, fait partie de la collection permanente de la Friche.
De Richard Baquié, bien connu de la scène marseillaise des années 80, on peut voir dans le pavillon d’accueil Epsilon et Zéro, œuvre complexe faite d’uneépave carbonisée d’une R16, des lettres du mot zéro découpées en tôle ondulée, et d’un gros ventilateur. L’ensemble signe la temporalité des objets-phares des Trente Glorieuses, message politique désenchanté d’un artiste bricoleur trop tôt disparu, au demeurant voyageur sensible, fin dessinateur et auteur de photomontages.
En partie basse du site, les espaces des anciens ateliers sont utilisés en salles d’exposition, dont certaines à ciel ouvert. La Claustra d’Héloïse Bariol en terre cuite, la Gardienne de Pierre Tual, les délicates Cabanes perchées de Marjolaine Dégremont et d’autres créations, étoffent d’année en année la collection permanente d’œuvres de la Friche.
Surprenante découverte du “Bungalow du Cameroun” de Jean Prouvé, prototype unique “d’Habitat Tropical”, conçu dès les années trente, en vue d’un projet d’habitat industrialisé pour les pays chauds et humides. Outre ses qualités esthétiques, ce type de construction avant-gardiste préfigure les enjeux climatiques d’aujourd’hui.
Si les bâtisseurs avaient à l’époque tiré un remarquable parti de la topographie des lieux, le réaménagement actuel de la friche en espace culturel se veut respectueux de l’histoire et proscrit toute intervention brutale dans un site par ailleurs très protégé. La dimension poétique voulue par ses animateurs s’en trouve renforcée. Exemple à suivre.
Jusqu’au 29 octobre Friche de l’Escalette – Marseille (13)
En Une : Jean Amado
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