Grand sculpteur et prodigieux créateur de performances “vécues“, Olivier de Sagazan est peintre. Il « peint le paysage comme on ne l’a jamais fait auparavant, un art de l’essentiel à décrypter, un éloge à la terre, à son osmose avec l’humain : une nature existentielle. », écrit joliment Marie Vitoux. Les archaïques racines d’extrême vie, faites de terre, de paille, de sueur et de sang d’âme, sont le terreau habité d’Olivier de Sagazan.
Chez lui, le paysage tressaille. Lourd de matière malaxée, il suinte de présence charnelle, de lourd terreau et d’énergie quasi tellurique. Il s’agit maintenant d’une peinture-nature et d’une peinture-matière. Fusion absolue d’art, de nature première, et de matières malaxées. Ses splendides grands formats semblent absorber le spectateur dans une contemplation sans âge.
“Mes peintures semblent prendre le chemin inverse de mes sculptures et performances, dans lesquelles la défiguration suggère une mise à mal du sujet pour tenter de le faire parler. Ici, en investissant le paysage, je me vois comme face à un grand Autre, qu’il ne s’agit plus de violenter, mais de contempler. Mes peintures de paysage m’autoriseraient elle enfin à dire la pure jouissance d’être là, en vie, face au monde ? Après ce corps premier, mon corps de chair et de sang, arrive ce corps second : la terre. La terre qui me porte, et d’où je suis sorti. Face à la Nature, aux herbes et aux vallées, mon regard change, je redeviens l’enfant qui veut juste courir parmi les sirènes et les boutons d’or“. Ainsi parle Olivier de Sagazan, artiste grand « ouvert ».
Travaillé du dedans, il est traversé. Existence saisie à la gorge, il capte les énergies du dedans de la terre et du corps, énergies qui désossent les attendus de l’art. Incertain, démuni et précaire, sans menotte mentale, traqué de l’intérieur, il traque. Crise et création s’étreignent…
Haute peinture.
” Terre humaine ” – Jusqu’au 14 novembre 2020
Galerie Marie Vitoux – Paris 4ème
www.galeriemarievitoux.jimdofree.com
